La mèche allumée par Nicolas Sarkozy sur le dossier syrien ne semble pas prête de s’éteindre. En critiquant mercredi dernier l’immobilisme supposé de François Hollande, l’ex-président a ouvert les vannes. Depuis, les leaders de la droite, à l’image de Jean-François Copé ou Dominique de Villepin se sont succédé pour éreinter l’actuel chef de l’Etat. Lundi, c’est au tour de François Fillon de décrier la politique étrangère du président de la République en général, et son attitude dans le dossier syrien en particulier. Le tout dans une tribune publiée dans Le Figaro et titrée sans ambages : "Un peu de courage, Monsieur le président".
"Service minimum"
Pour l’ex-Premier ministre, en matière de politique étrangère, "la déception est à la hauteur des excès de critiques dont les socialistes nous ont accablés durant cinq ans". François Fillon cite un certain nombre d’exemples - l’Afghanistan, la Libye, l’Egypte -, où selon lui la France faillit. François Hollande, actuellement en vacances dans le Var, "ne se préoccupe que de sa ‘normalitude’ et préfère de beaucoup son image à la recherche de résultats", estime encore le député de Paris.
Et pour François Fillon, "le comble est atteint avec la Syrie, où le gouvernement français fait le service minimum". Au passage, l’ex-Premier ministre prend ses distances avec la position de Nicolas Sarkozy en s’élevant avec force contre une intervention militaire, hypothèse que François Hollande avait émise lors de la campagne présidentielle, à la condition que le Conseil de sécurité de l’ONU approuve une telle inititive.
"L’ours russe n’est dangereux que quand il a peur"
Non, pour François Fillon, le "véritable verrou de ce conflit" se trouve à Moscou. La Russie est en effet, avec la Chine, l’un des grands soutiens du régime de Bachar al-Assad. "La France peut jouer un rôle clé avec l’Allemagne pour faire bouger Poutine", veut croire l’ancien Premier ministre. Car, juge-t-il, "que Poutine lâche le régime syrien et il tombera comme le fruit pourri qu’il est".
François Fillon propose ainsi de faire miroiter au président russe "la perspective d’un accord historique d’association avec l’Europe". "Il faut ancrer la Russie à l’espace européen, martèle-t-il encore. "L’ours russe n’est dangereux que quand il a peur", image l‘ex-Premier ministre.
En conclusion, François Fillon souhaite que "notre président normal comprenne qu'il n'y a rien de normal dans le monde dont il est désormais l'un des principaux responsables. Qu'il prenne des risques, qu'il abandonne ses postures bourgeoises et atlantistes version guerre froide", écrit encore le député de Paris. Et surtout, "qu'il parle avec la Russie".