INTERVIEW. "La situation en Syrie se dégrade depuis deux ans et demi, la communauté internationale a été totalement absente", a déploré dimanche François Fillon, ancien Premier ministre, invité du Grand rendez-vous. Ce dernier s'oppose pourtant à toute "frappe chirurgicale", qui s'apparenterait selon lui à une punition "symbolique". "Ou on fait la guerre, on rentre dans un conflit, ou on réédite ce que l'on a fait en Irak, où l'intervention a détruit une nation. MM. Kerry et Hollande disent 'on ne va pas faire la guerre, on va punir Assad', tout ça n'a pas beaucoup de sens", dénonce le député UMP de Paris, qui refuse toute action militaire qui ne passerait pas par l'ONU.
Tout passe par la Russie. "La France doit proposer une résolution. Il faut mettre la Russie devant ses responsabilités, on s'est mis dans une mauvaise situation", insiste l'ancien locataire de Matignon. Selon lui, il n'y a "aucune autre issue" que la solution diplomatique. "Les inconvénients pour la France, pour les intérêts français et pour le Liban, sont considérables", martèle François Fillon. D'après lui, c'est la Russie, "qui n'est pas un pays voyou", qui a la clé de cette solution diplomatique. "J'espère encore, a poursuivi l'ex Premier ministre, que la présentation d'un rapport sans discussion par les Nations unies (sur l'attaque chimique du 21 août à l'est de Damas, ndlr) amène un changement de position de la Russie". L'ancien premier ministre reproche d'ailleurs à l'Allemagne et à Angela Merkel, qui a de bons liens selon lui avec Vladimir Poutine, de "ne pas en avoir fait assez" pour convaincre Moscou de lâcher Damas.
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Les "deux risques" d'une intervention. "La France n'a pas été choisie par Dieu pour faire régner l'ordre sur la planète", martèle François Fillon. Et de faire valoir qu'une intervention en Syrie de la France présenterait "deux risques". Le premier, celui "d'apparaître comme inutile car juste aligné sur les Etats Unis". Le second, "un risque considérable" concerne le Liban, a-t-il dit. "On a un rôle particulier à jouer pour essayer d'empêcher le Liban de disparaître. Si nous intervenons dans cette guerre, la première cible des cibles de représailles, ce serait le Liban, les forces françaises au Liban, la communauté française et les intérêts français au Liban". "Je demande qu'on réfléchisse à l'implication, aux risques".
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Sur l'idée d'un vote. "François Hollande s'est mis lui-même dans une situation où c'est lui qui suscite la demande de vote", a par ailleurs répondu François Fillon, questionné sur le fait de savoir s'il fallait un vote du Parlement avant une intervention militaire en Syrie. "Il annonce avant toute décision de l'ONU et du Parlement qu'il va y avoir des frappes, les États-Unis lui tirent le tapis sous les pieds et on se retrouve à une séance à l'Assemblée qui est surréaliste", a raillé l'ancien Premier ministre, qui "voterait contre" si la France engage un conflit sans le soutien des Nations Unies. "Engager la France dans ce conflit sans le soutien des Nations-Unies est une faute que l'on paiera très cher."
Le président François Hollande, qui a promis de s'adresser aux Français dès qu'il aura pris une décision concernant une éventuelle intervention militaire contre la Syrie, n'a pas fermé la porte à un vote du Parlement pour engager la France dans une telle opération, même si la Constitution ne lui en fait pas l'obligation.