François Hollande est sorti de sa réserve et contre-attaque, indirectement. Assailli d'une volée de critiques sur sa manière de traiter le dossier syrien, le président de la République a réagi samedi, lors de l'hommage rendu à Varces, en Isère, à un sous-officier français qui a trouvé la mort en Afghanistan."La France recherche obstinément les moyens d'une transition politique en Syrie pour mettre un terme aux violences menées par un régime, qui n'est plus animé que par la seule peur de sa propre fin", a lancé le chef de l’État.
François Hollande s'exprimait pour la première fois depuis les critiques exprimées par l'opposition contre son attentisme présumé et l'appel à une action rapide lancé mardi par Nicolas Sarkozy, qui voit des similitudes entre la situation en Syrie et celle prévalant en Libye avant l'intervention alliée de mars 2011.
» Lire pour comprendre : Sarkozy s'invite dans la crise syrienne
"Cette semaine encore, la France déploie un groupement médico-chirurgical dans le nord de la Jordanie, au plus près de la frontière avec la Syrie, pour venir en aide aux réfugiés et aussi aux combattants", a rappelé François Hollande. "C'est un devoir humanitaire que nous poursuivons ainsi et qui s'ajoute à un soutien à l'opposition syrienne et également à la recherche obstinée d'une transition politique en Syrie", a-t-il insisté.
Kadhafi tombé après un accord de l'ONU
La France a convoqué pour le 30 août une réunion ministérielle du Conseil de sécurité de l'Onu afin de débattre de la situation humanitaire en Syrie. François Hollande a souligné que les soldats français n'agissaient que sous le mandat de l'Onu. Or cette condition n'est pas remplie actuellement en Syrie, en raison des vétos russe et chinois. L'intervention qui avait entraîné la chute de Mouammar Kadhafi avait, elle, obtenu le feu vert des Nations unies.
» Lire aussi : pourquoi une intervention est exclue en Syrie
"En Afghanistan, comme dans d'autres régions du monde, nos soldats se battent pour la paix, se battent pour la stabilité, se battent pour les droits de l'homme, et à chaque fois sous le mandat des Nations unies", a insisté le chef de l’État.
Villepin : "option militaire, trop dangereuse"
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a donné implicitement raison à François Hollande de privilégier la voie diplomatique pour tenter de trouver une solution en Syrie. Il estime que la "polémique" lancée par Nicolas Sarkozy "peut être fertile". Mais souligne, dans une tribune publiée samedi dans Le Figaro, qu'il n'y a pas d'option militaire, jugée "trop dangereuse" en Syrie, où elle constituerait la "porte ouverte à toutes les croisades de l'empire du bien".
Dominique de Villepin, qui s'est battu en 2003 pour empêcher l'intervention militaire américaine en Irak, prône le déploiement de moyens humanitaires, dont la création de corridors pour évacuer les civils, et demande que l'on envisage de créer des couloirs aériens protégés.
"Mais il faut aussi préparer l'avenir de la Syrie et de la région, face notamment à un enjeu iranien qui est dans tous les esprits, face également aux risques qu'une partition du pays ferait courir à la stabilité régionale", ajoute-t-il. "Pour relever le défi, nous n'avons pas le droit de renoncer à la diplomatie parce qu'elle aurait déçu. Elle reste la seule réponse qui dure dans un monde imparfait", explique Dominique de Villepin, qui demande de saisir "toutes les opportunités avec tous les acteurs internationaux et régionaux".
"Hollande gère de sa plage"
Mais l'opposition de droite continue à pilonner l'attentisme présumé de François Hollande. Après Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy, Philippe Juvin, secrétaire national de l'UMP, estime samedi dans un communiqué que le président "gère de sa plage la réaction internationale" alors que la France préside depuis le 1er août le Conseil de sécurité des Nations unies.
» Lire aussi : Syrie, Copé épingle Hollande
"Toute polémique mise à part, le président de la République doit rentrer de vacances, insiste Philippe Juvin, non pas parce qu'il est président de la République, mais bien parce qu'il est président du Conseil de sécurité de l'ONU."