Un ex-collaborateur de Christine Lagarde assure que l’Elysée n'a pas poussé en faveur de l’arbitrage.
"Il n'y a eu ni insistance particulière, ni feu vert de l'Elysée" pour un arbitrage favorable à Bernard Tapie. Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Stéphane Richard, ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, dédouane l'Elysée de tout rôle significatif dans l'issue du dossier Tapie.
"La question a été évoquée avec l'équipe du président"
Avant de décider d'une procédure d'arbitrage, Christine Lagarde "a entendu tous les avis, positifs comme le mien - de très loin les plus nombreux -, et aussi les réserves", explique Stéphane Richard, aujourd'hui patron de France Télécom. "J'avais des contacts réguliers avec la présidence de la République, et la question a été évoquée avec l'équipe du président, mais il n'y a eu ni insistance particulière ni feu vert de l'Élysée", souligne-t-il.
"Je rappelle qu'abréger cet interminable feuilleton judiciaire avait été déjà tenté plusieurs fois avant 2007", fait valoir Stéphane Richard. Jeudi, la Cour de justice de la République a ouvert une enquête pénale sur le rôle de l'ancienne ministre de l'Economie, désormais directrice générale du FMI, dans ce dossier.
Le lendemain, Bernard Scemama, un haut fonctionnaire intervenu en 2007 pour déclencher l'arbitrage, accablait Christine Lagarde en expliquant avoir reçu "une consigne claire" de la ministre. Ilassurait aussi avoir "été reçu par Stéphane Richard.
"Chacun a joué son rôle"
"Je lui ai indiqué la position de l'État concernant le dossier Tapie, il revenait à son conseil d'administration de prendre une décision. Bernard Scemama a voté, comme l'ensemble de son conseil, en faveur du recours à l'arbitrage", s'est défendu Stéphane Richard. "J'affirme que dans ce dossier chacun a joué son rôle. J'ai l'impression, en lisant certains commentaires de cette semaine, que cette affaire est devenue un objet d'affrontement politique", ajoute-t-il.
L'Etat avait opté pour une procédure d'arbitrage, plutôt que la voie judiciaire, pour solder le contentieux avec Bernard Tapie sur la revente en 1993 d'Adidas par le Crédit Lyonnais, alors banque publique. L'opposition dénonce dans cet arbitrage, qui a valu en 2008 285 millions d'euros à Bernard Tapie, une faveur politique de Nicolas Sarkozy liée au soutien reçu de l'homme d'affaires pour l'élection présidentielle de 2007.