En quelques jours, la tension verbale a atteint son paroxysme entre Christiane Taubira et le Front national. Partie de Rethel, dans les Ardennes, jeudi soir, cette joute verbale a connu plusieurs rebondissements jusqu'à la décision du Front national d'engager une "procédure judiciaire" contre la ministre de la Justice. Lundi, la justice a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire. Rappel des faits.
ACTE I : Taubira comparée à un singe
La scène se passe sur France 2, jeudi soir. Dans un reportage d'Envoyé Spécial sur les nouveaux visages du Front national, Anne-Sophie Leclere, candidate FN pour les municipales à Rethel, dit assumer la photo qu'elle a postée sur son profil Facebook. Sur celle-ci, on voit d'un côté la photo d'un bébé singe avec la mention "A 18 mois", et de l’autre, la tête de Christiane Taubira avec la mention "Maintenant". "Ça n’a rien à voir (avec du racisme). Un singe ça reste un animal, un Noir c’est un être humain. J’ai des amis qui sont noirs, c’est pas pour cela que je leur dis que c’est des singes", a-t-elle tenté de s'expliquer.
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ACTE II : Le FN suspend Anne-Sophie Leclere
Le parti d'extrême-droite, engagé dans un profond travail de dédiabolisation, n'a pas laissé passer l'occasion de montrer l'exemple, et a décidé vendredi de suspendre la candidate. "Quand il y a une erreur de casting, ça peut arriver, eh bien il faut agir rapidement", a expliqué Florian Philippot, le vice-président du FN. "Donc nous avons immédiatement suspendu cette candidate, qui ne l’est donc plus, et qui va rapidement passer en conseil de discipline pour une exclusion probable".
ACTE III : Taubira répond aux attaques
En visite samedi dans la Drôme, la ministre de la Justice s'est montrée extrêmement ferme face aux propos de la désormais ex-candidate FN de Rethel. "Cette personne connaît bien évidemment la pensée mortifère et meurtrière du Front national. On sait bien ce que pense le FN : c'est les noirs accrochés aux branches des arbres, les Arabes à la mer, les homosexuels dans la Seine, les Juifs au four. Voilà les pensées profondes de ce parti", a lancé Christiane Taubira.
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ACTE IV : Le FN va attaquer Taubira
Le feuilleton se poursuit dimanche avec l'annonce du Front national, qui dit vouloir engager une "procédure judiciaire" contre Christiane Taubira, après la réponse qualifiée d'"outrancière" de la part de la Garde des Sceaux. Le FN "engagera (...) une procédure judiciaire contre Madame Taubira pour faire respecter les règles du débat démocratique et républicain ainsi que l'honneur des millions de Français qui votent pour lui", assure le FN dans un communiqué. Le directeur du service de presse, Alain Vizier, s'est en outre demandé si Christiane Taubira pouvait "rester ministre".
ACTE V : Dati soutient Taubira
L'ex-Garde des Sceaux Rachida Dati a publiquement soutenu Christiane Taubira, dimanche. "Moi je suis choquée par les attaques que subit Christiane Taubira sur sa personne, sur son origine et sur ce qu'elle est (...) c'est ce que j'essaie de combattre", a dit l'eurodéputée à l'émission politique 12/13 Dimanche. Si Rachida Dati combat "l'idéologie" de la garde des Sceaux et son projet de loi de réforme pénale, elle a "du respect pour elle comme femme, comme responsable politique", et "c'est normal" de la défendre à propos de son origine, son identité. "C'est pas la guerre, c'est pas la haine la politique, heureusement !", a-t-elle ajouté.
ACTE VI : Le Pen enfonce le clou
Lundi matin, c'est la patronne du FN qui a estimé que Christiane Taubira avait dérapé. "La réponse de Mme Taubira est un grave dérapage, ce sont des propos antirépublicains. Rien ne justifie de la part du ministre de la Justice de proférer des insultes l'égard d'un parti tout entier et de ses militants, a estimé Marine Le Pen.
ACTE VII : Une enquête ouverte
Suite aux déclarations de la candidate du FN à Rethel, la justice a ouvert une enquête préliminaire. De son côté, Christiane Taubira a affirmé attendre "très sereinement" la procédure que le Front National a déclaré vouloir engager à son encontre.