Contexte. Elle a été l’autre star politique de l’été, celle qui a réussi à exister à côté de Manuel Valls. Christiane Taubira poursuit sur sa lancée et fera sa rentrée médiatique jeudi, dans l’émission Des paroles et des actes, sur France 2. Une rentrée qu’elle veut tonitruante.
Estrosi face à elle. C’est LA ministre qui ne parle pas, "l’anti-Vall", en somme. Surtout ne pas compter sur elle pour alimenter les déjeuners politiques en petites phrases ou répondre aux SMS des journalistes. Sa communication est réglée au millimètre. France 2 a eu son feu vert vendredi dernier, une fois qu’elle a été absolument certaine que les arbitrages sur "sa" réforme pénale lui seraient plus favorables qu’à Manuel Valls. Depuis mardi, elle se prépare, dévore des notes, mais les technocrates de son cabinet sont prévenus : il faut donner du sens politique à chacune de ses interventions.
Si elle travaille autant avant de se rendre sur le plateau de David Pujadas, c’est qu’elle s‘attend à une charge violente de la droite sur le "laxisme" supposé de sa future loi pénale. Jeudi soir, c’est Christian Estrosi qui lui donnera la réplique. Brice Hortefeux, lui, a décliné la proposition de France 2. Pas facile de ferrailler avec la Garde des sceaux, brillante oratrice.
Convaincre l’opinion publique. Sa réforme, elle ne pense qu’à cela. Elle a même ouvert un compte Twitter pour alimenter le débat sur les réseaux sociaux. Son équipe lui organise deux déplacements par semaine durant tout le mois de septembre afin de ne pas laisser retomber le soufflet. Et, surtout, la ministre de la Justice veut convaincre l’opinion publique que la prison n’est pas toujours la solution. C’est son combat, avec une idée en tête : faire pression sur le calendrier, elle qui veut aller vite quand Manuel Valls veut, lui, laisser passer les élections municipales de 2014.
Raillée après ses premiers pas au gouvernement, accusée de n’être qu’une caution d’Outre-mer, la garde des Sceaux inquiète désormais ses collègues. Un ministre considère même qu’il faut "la surveiller", car elle pourrait avoir l’ambition de fédérer un courant autour d’elle. En rajoutant le mariage pour tous, elle aura à son crédit les deux seules grandes réformes de la gauche. Et comme elle est issue du Parti radical, elle peut aussi bien aller se faire applaudir chez les écolos puis arriver en guest star à l’université d’été du PS à la Rochelle. Une position confortable qui lui donne une grande liberté politique.