Depuis l’annonce, mardi, du report sine die de la taxe carbone, elle enrage. Et le fait savoir. Dans un entretien accordé à Libération, jeudi, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno désigne explicitement un bouc-émissaire pour expliquer l’abandon de l’impôt écologique : le Medef. "C'est clair, c'est le Medef qui a planté la taxe carbone. Au nom de la compétitivité. Est-ce que le Medef s'est ému des 2 milliards de bonus distribués aux banques ?", s’interroge celle, qui à l’UMP, représente la tendance écolo du parti avec NKM.
Chantal Jouanno, qui s'était déclarée "désespérée" par ce qu'elle considère comme un renoncement, met aussi en cause la responsabilité des "céréaliers intensifs". Sans expliciter son propos.
"Je me ferai peut-être exploser"
Dans ce même entretien, Chantal Jouanno exclut l’hypothèse d’une démission tout en reconnaissant être tiraillée - "La politique aurait envie de démissionner et l'écologiste se dit qu'il faut se battre" - mais reste résolue à lutter pour le Grenelle de l'environnement.
"Il faut essayer quelque chose. Il me reste la parole. Je me ferai peut-être exploser mais ce n'est pas grave", explique-t-elle. "Je ne suis pas là pour faire de la provoc' mais porter la parole que l'écologie n'est l'otage d'aucun clan. (...) Quand ils seront lassés par moi, ils me diront d'aller voir ailleurs".
Copé "fatigué" par ses déclarations
Un porte-parole de l'organisation patronale a indiqué que le Medef ne souhaitait "pas faire de commentaire" sur ces propos. Jean-François Copé s’en est volontiers chargé. Le chef de file des députés UMP, qui réclamait l'enterrement de la taxe carbone, s'est dit choqué par les commentaires de Chantal Jouanno. "Je n'ai besoin de personne pour prendre mes responsabilités".
"Le fait de faire un lien avec le Medef me choque profondément", a-t-il déclaré sur BFM TV et RMC Info. Avant de s’en prendre directement à Chantal Jouannot : "Cette succession de déclarations qui met en cause nos choix, alors qu'ils ont été faits collectivement, commence à me fatiguer", a conclu Jean-François Copé.
Interrogé sur Europe 1, son ministre de tutelle, Jean-Louis Borloo, a minimisé les propos de sa secrétaire d’Etat tout en concédant que l'écologie était aujourd'hui "prise en otage par un certain nombre de lobbies".