Deuxième victoire judiciaire pour Fabrice Burgaud. Le juge qui avait instruit l'affaire d'Outreau va recevoir 8.000 euros de dommages et intérêts de la part du directeur de Télérama et d'un journaliste de l'hebdomadaire télé. Bruno Patino et François Gorin ont en effet été condamnés mardi par le tribunal de Nanterre pour injure publique envers le juge. Condamnés respectivement en tant qu'auteur des faits et complice, ils ont également écopé de 4.000 euros d'amende. L'hebdomadaire devra aussi publier la condamnation judiciaire dans ses pages.
La chronique incriminée, titrée "Outreau 2, le retour" et parue le 1er février 2006 dans Télérama, était consacrée aux auditions télévisées de la commission parlementaire enquêtant sur les causes du désastre judiciaire d'Outreau. François Gorin y écrivait que M. Burgaud était "désormais considéré comme le Ben Laden de ce mini-11 septembre" judiciaire, ce qui, selon l'accusation, constituait une injure. La procédure pénale avait démarré après une plainte de l'ex-garde des Sceaux Pascal Clément.
Bruno Patino et François Gorin ont en revanche été relaxés de diffamation envers le juge dans la même chronique. La diffamation présumée concernait un passage où le journaliste pointait un "zèle délirant" de M. Burgaud, l'accusant d'être un rouage d'une "machine à accuser" et de former un "tandem infernal" avec Myriam Badaoui, une des rares condamnées dans l'affaire d'Outreau qui avait accusé à tort de nombreux ex-coprévenus.
Le journal Libération, lui aussi condamné le 3 avril dernier pour injure publique, avait dû verser 20.000 euros de dommages et intérêts au juge Burgaud, comparé dans un article au criminel de guerre nazi Adolf Eichmann, l'un des artisans de la destruction des Juifs d'Europe.