"Xénophobe", "beauf" et "raciste". La chronique de Patrick Besson dans Le Point qui singe l'accent de la candidate écologiste Eva Joly est loin d'avoir fait rire tout le monde. La polémique n'a cessé d'enfler ce week-end.
Dans ce billet, l'écrivain et journaliste Patrick Besson s'amuse à imaginer la victoire à la présidentielle en mai 2012 d'Eva Joly, alors que tous les autres candidats sont morts dans des conditions plus ou moins loufoques. Patrick Besson écrit alors le premiers discours fictif de la nouvelle présidente de la France, en retranscrivant et postichant son accent.
Il lui fait ainsi notamment dire "Zalut la Vranze!" ou encore que "L'Elysée zera dransvormé en zentre d'acceuil pour zans-zabri".
Eva Joly heurtée
Premier à dégainer, samedi, Sos-Racisme avait dénoncé "la dérive nauséabonde du texte et demandé au Point de "ne pas laisser une telle initiative sans suite".
La candidate d'Europe Ecologie - Les Verts (EELV) à la présidentielle avait ensuite indiqué avoir été heurtée par cette "attaque raciste et une forme d'ostracisme", "symptomatique de l'état de la France". Patrick Besson "pense que ça ne porte pas à conséquence parce qu'il s'agit d'une personne d'origine norvégienne qu'il affuble d'un accent allemand, et non d'une personne originaire d'Afrique ou du Maghreb", a-t-elle souligné. Eva Joly a cependant exclu toute poursuite contre l'auteur, préférant un débat "sur la place publique".
Duflot réclame des excuses
La secrétaire nationale d'EELV Cécile Duflot avait, dès samedi, demandé des "excuses publiques" à l'hebdomadaire et à l'auteur pour cette "expression ouverte de propos xénophobes à l'encontre d'une candidate à l'élection présidentielle". Dans la même veine, Noël Mamère, député-maire EELV de Bègles en Gironde, a vivement critiqué la chronique de Patrick Besson : "Cette chronique, c'est du racisme ordinaire, c'est de la beauferie, tout simplement".
Le Front de gauche est quant à lui allé plus loin dans l'analyse du texte. Dans un communiqué, le parti a exprimé sa "consternation". Pour François Delapierre, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon, Patrick Besson "sous-entend que les Français nés ailleurs ne sont pas des citoyens à part entière". "Ce n'est pas simplement grotesque, c'est criminel", ajoute-t-il dans un communiqué.
Pour Le Point, c'est de la radio écrite
Les réactions venues de gauche, Sos-Racisme en tête, n'ont pas ému le patron du Point, Franz-Olivier Giesbert, qui dénonce dans "cette tempête médiatique dans un verre d'eau", la "dictature du politiquement correct".
Franz-Olivier Giesbert a admis dimanche soir qu'il "s'attendait bien à ce que ça remue un peu, mais pas à cette tempête médiatique dans un verre d'eau". "C'est de l'humour, Besson s'est contenté de mettre par écrit ce qu'on entend à la radio: c'est ce que font toute la semaine (Laurent) Gerra ou (Nicolas) Canteloup", a-t-il plaidé, jugeant toutes ces réactions "assez comiques".