En trois ans, le discours a changé. "Il faut aider les filles et les garçons à percevoir positivement leur genre et celui du sexe opposé" et "introduire, dès la maternelle, des séances consacrées à la mixité et au respect hommes/femmes". Un extrait du programme ABCD de l'égalité du gouvernement Ayrault tant décrié par l'UMP ? Non. Ce texte est inscrit noir sur blanc dans un document du principal parti d'opposition datant de juin 2011. Il fait partie des "26 propositions" du "pacte républicain" présenté par l'UMP en juin 2011 dans le cadre d'"états généraux de la reconquête" visant à la préparation du programme présidentiel pour 2012. C'est un utilisateur de Twitter, Laurent, qui a déniché, mardi, ce texte très embarrassant pour l'UMP.
Que disait l'UMP très exactement ? "Le premier objectif de la promotion de l'égalité des sexes et du respect hommes/femmes dès la maternelle est d'amener les enfants à se sentir autorisés à adopter des conduites non stéréotypées", peut-on lire sous le titre "proposition UMP". "Il faut aider les filles et les garçons à percevoir positivement leur genre et celui du sexe opposé", est-il ajouté. "Le second objectif est d'accroître les capacités des enfants à résoudre de façon non violente et coopérative des conflits qui mettent en cause l'appartenance à l'un ou l'autre sexe ainsi que de promouvoir le respect entre les hommes et les femmes. Agir sur une population jeune reste en effet le meilleur moyen d'endiguer la naissance de comportements inacceptables chez les adolescents puis chez les adultes", souligne encore le document.
Pain béni pour le PS et le gouvernement. Toujours sur le réseau social, la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem a repris à son compte cette "pépite" ressortie des archives du web et s'est fendu d'un tweet ironique. "L'UMP aurait donc été un parti capable de faire, sur des sujets de société, des propositions constructives dans le souci d'accompagner ces évolutions !", se délecte la porte-parole du PS Laurence Rossignol dans UN communiqué; "Mais ça c'était avant ! Avant que Jean-François Copé ne s'érige en censeur des livres pour enfants, avant que l'UMP ne théorise le rôle de l'école comme devant transmettre des savoirs mais en aucun cas des valeurs, avant que l'UMP ne courre derrière le Front national, les droites extrêmes et les intégristes de tous bords", a-t-elle estimé.
Merci à l'UMP 2011 de soutenir si ardemment les ABCD de l'Égalité qu'elle conspue aujourd'hui. pic.twitter.com/AR40z39EP1— Najat Belkacem (@najatvb) 12 Février 2014
"Ça mobilise l'électorat de droite". Dans les rangs de l'UMP, on reconnait que la polémique est plus politique qu'idéologique : "ça mobilise l'électorat de droite", explique-t-on rue de Vaugirard. Mais un proche de Jean-François Copé, tout en reconnaissant le changement de discours, estime qu'"en trois ans, on peut ne plus penser la même chose. Najat Vallaud-Belkcacem, était, elle pour la théorie du genre et la PMA pour les homosexuels", avance-t-il.
Passe d'armes Copé/Belkacem. Invité sur Europe 1 le 29 janvier, Najat Vallaud-Belkacem s'était dite "scandalisée" par les propos de Jean-François Copé sur le sujet. "Jean-François Copé fait le pari de la peur, du fantasme, de l'inquiétude des parents et je trouve que cela ne le grandit pas", avait taclé la porte-parole du gouvernement, après que le député-maire de Meaux a déclaré être "choqué" par la théorie du genre.
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