Laurent Fabius a critiqué vendredi matin le discours de Nicolas Sarkozy sur la crise, prononcé jeudi soir à Toulon. "Il y avait déjà eu un discours à Toulon il y a trois ans, avec des annonces fracassantes : le capitalisme financier allait être moralisé, les paradis fiscaux, c’était terminé, les rémunérations des dirigeants allaient être encadrées. Et rien ne s’est produit", a rappelé l’ancien Premier ministre socialiste. "Là, je dirais que Toulon II, c’est supercherie II".
"D’abord sur le bilan", a développé Laurent Fabius. "Nicolas Sarkozy charge les socialistes, avec la retraite à 60 ans, les 35 heures. Il a oublié la sécurité sociale et les congés payés", a-t-il ironisé. "Il ne s’est pas rendu compte qu’il était au pouvoir depuis plusieurs années".
Le député de Seine-Maritime a également trouvé les réponses du président à la crise trop justes. "Les propositions ne répondent pas à la situation. On a une situation d’urgence. Ce qu’il propose, c’est la modification des traités, qui prendra un temps énorme, et ne répond pas à la question du rôle de la Banque centrale", a-t-il ainsi déploré.
"La France s’est tragiquement affaiblie"
Sur ce dernier point, Laurent Fabius a plaidé pour une BCE qui "fasse son travail". "Dans tous les pays du monde, la Banque centrale intervient pour acheter les bons du Trésor émis par le gouvernement. Le seul endroit où on ne veut pas que la Banque centrale achète ces bons, c’est en Europe, alors que si elle le faisait, les taux d’intérêt descendent de 7-8% à 3%", a affirmé l’ancien Premier ministre. "L’indépendance de la BCE oui, mais l’indépendance dans la défense de l’Europe", a-t-il conclu.
Enfin, Laurent Fabius a taclé Nicolas Sarkozy sur le couple franco-allemand. "Il y a un vrai problème, parce que traditionnellement, il y a un couple franco-allemand qui est fondamental. Or, là, il y a un déséquilibre franco-allemand, parce que la France, avec Nicolas Sarkozy, s’est tragiquement affaiblie. Et si on veut que le couple soit ressoudé, il faut que la France se renforce et non pas s’affaiblisse", a conclu l’ancien Premier ministre.