De Toulon à Toulon. A cinq mois de la présidentielle, Nicolas Sarkozy a choisi de retourner, jeudi dans la ville, pour livrer un nouveau "grand discours" sur la crise et l'avenir de l'Europe.
Il y a trois ans, en pleine crise des subprimes, le chef de l’Etat avait étrenné la même tribune et la même forme solennelle pour un discours "sur la refonte du capitalisme", resté depuis dans la mythologie sarkozyienne. Pourquoi le président a-t-il choisi de retourner à Toulon ? Quels sont les enjeux de ce nouveau discours ? Europe1.fr dresse ici la liste des enjeux et des risques.
LES ENJEUX
Renouer avec une dynamique positive - Si Toulon I est resté dans la mythologie sarkozienne, c’est qu’il symbolise une séquence particulièrement porteuse pour le chef de l’Etat. "En 2008, le premier discours - très interventionniste - avait été une réussite. Un discours ne change pas à lui seul l’opinion. Mais toute une séquence oui : à l’époque, Nicolas Sarkozy avait pris 12 points dans les sondages, grâce à la crise !", explique à Europe1.fr Gaël Sliman, directeur du pôle Opinion de BVA. Crédité de seulement 38% d’opinions favorables, Nicolas Sarkozy espère, en rejouant la même scène, en retirer les mêmes bénéfices.
Exercice de pédagogie - Le second objectif de Nicolas Sarkozy est pédagogique. Ce discours de Toulon II intervient dans un contexte européen difficile. Depuis plusieurs jours, Paris et Berlin négocient d'arrache-pied pour tenter de trouver des remèdes à la crise de l’euro. Ces tractations suscitent des questions sur un éventuel "deal" qui verrait la France dire "oui" à un renforcement des pouvoirs de la Commission sur les budgets nationaux contre un "ja" allemand sur le rôle accru de la BCE. Une transaction "troublante" selon le PS et difficilement compréhensible pour les Français sans décryptage.
Ereinter son adversaire - S'il n'est toujours pas officiellement candidat, le chef de l'Etat devrait aussi profiter de sa tribune varoise pour tacler son futur rival socialiste François Hollande et son programme. Dans ce scénario, Nicolas Sarkozy se verrait bien camper le rôle du "capitaine à la barre du navire France dans la tempête" face à un François Hollande empêtré dans les querelles de ses partenaires, notamment les écolos.
LES RISQUES
Faire du "déjà vu" - Ente Toulon I sur la crise et Toulon II toujours sur la crise, le parallèle est presque trop évident. Les Français pourront facilement se dire "depuis le premier discours, rien n’a changé. On a déjà entendu cette histoire", analyse Gaël Sliman. "Les Français risquent de penser : ‘ce discours, le libéralisme à tout crin, c’est fini’, eh bien, on l’a déjà entendu".
Comparaison facile - D’un discours à l’autre. D’une crise à l’autre, il sera également aisé pour l’opposition de rappeler les promesses qui n’ont pas été tenues la première fois. Cela a d’ailleurs déjà commencé. Mardi, Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée assurait ainsi : "à travers ces discours, vous avez toute la politique de Nicolas Sarkozy, c'est-à-dire ce côté bonimenteur", avec "des promesses jamais tenues, des effets d'annonces brillants". En 2008, "on peut dire que Nicolas Sarkozy avait le bénéfice du doute. Mais la seconde fois, les Français n'ont plus de doute sur l'absence de bénéfices concrets pour eux", a ensuite estimé le conseiller spécial de François Hollande avant d’asséner : "derrière les mots, c'est le vide".