L’issue du scrutin ne fait aucun doute : le traité budgétaire européen va être ratifié. La fronde du Front de gauche, de la plupart des écologistes, et surtout de certains députés socialistes, ne viendra pas à bout de la coalition de circonstance entre le PS, l'UMP et les centristes.
Depuis des semaines, Jean-Marc Ayrault martèle pourtant dès qu’il le peut la nécessité, pour sa majorité, d’une large ratification. Une question de crédibilité politique. Sa crainte : ne voir le texte passer que grâce à l’appui des députés de l’opposition. Ce sera déjà le cas au Sénat – qui se penchera sur la question à partir de mercredi – où la majorité socialiste est trop faible pour ne compter que sur elle-même. Mais selon les informations d’Europe 1, le gouvernement, soulagé, pourra s’appuyer sur une majorité de gauche dans l’Hémicycle.
Une poignée d’irréductibles au PS
A l’Assemblée nationale, le gouvernement espère en effet que la ratification ne dépende pas de "ceux qui s'apprêtent à voter pour le texte mais conspuent le gouvernement", selon le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui pense ici aux bancs de l’opposition. L'UMP et les centristes répètent sur tous les tons que le texte est le même "à une virgule près" que celui signé en mars par Nicolas Sarkozy, quand le gouvernement et le PS insistent sur le "pacte de croissance" obtenu par François Hollande lors d'un sommet européen, fin juin, pour le compléter.
Un argument qui n’a pas convaincu certains députés de l’aile gauche, qui campent sur leurs positions nonistes malgré le lobbying effréné du Premier ministre, qui a décroché lui-même son téléphone ces derniers jours, et de ses missi dominici sur ce sujet : Bernard Cazeneuve et Guillaume Bachelay, deux nonistes de 2005 à même, selon le gouvernement, de convaincre les sceptiques. Ils ont bien travaillé. Une source gouvernementale assure en effet à Europe 1 qu’une dizaine d’élus socialistes, au grand maximum, votera contre le texte.
En théorie, ces défections feraient tomber le nombre des voix de gauche favorables en dessous de la barre des 50% de députés (289 sur 577), mais seraient compensées par l'apport d'une douzaine de radicaux de gauche et de quelques écologistes. A Matignon, on s’apprête à pousser un grand ouf de soulagement.