Le Medef refuse de signer. Plus de huit mois de négociations, et pas d’accord au final. Le débat sur la transition énergétique, lancé en novembre 2012, n’aura finalement pas abouti au consensus souhaité par le gouvernement. La faute au Medef, représenté dans les discussions par la CGPME et la FNSEA, et qui a refusé de signer le texte final devant servir de base à une prochaine loi. "A ce stade, sauf changement majeur, le Medef n'envisage pas d'endosser en tant que tel ce document qui est un document de synthèse et qui comporte de nombreux points qui ne font pas l'objet d'un consensus", a affirmé jeudi le directeur général du Medef, Michel Guilbaud.
Refus d’objectifs chiffrés. Si le Medef refuse de signer, c’est parce qu’il s’oppose notamment aux prises de position sur la baisse du nucléaire et sur la division par deux de la demande énergétique en 2050. Le syndicat patronal s'étonne aussi qu'un objectif "chiffré" en matière d'énergies renouvelables (30 à 40% de la production d'électricité en 2030) figure dans le texte "alors qu'il n'a pas été discuté par les groupes de travail", selon Michel Guilbaud. Enfin, le mouvement dirigé depuis peu par Pierre Gattaz refuse de voir le terme de recommandations apparaître, lui préférant celui de "synthèse".
"Le conservatisme en marche". Cette position du Medef n’a pas du tout plus aux écologistes. "C’est absolument incroyable", a déploré Pascal Durand, secrétaire national d’EELV sur Europe 1. "On voit ce qu’est le conservatisme en marche. Pendant tout le débat, le Medef a tiré les négociations vers le bas pour arriver à des compromis, ce qui est normal. Et alors que tout le monde a fait des efforts, le Medef dit au dernier moment : ‘je ne signe plus’. Ce sont des méthodes à la fois amorales et qui en disent long sur l’incapacité du Medef à penser l’avenir, à penser la modernité. Les partisans de la bougie et du recul en arrière, à ce stade, c’est le Medef", a accusé l’écologiste.
Même colère chez Denis Baupin, conseiller écologiste de Paris, qui a réagi sur Twitter :
Le Medef dit qu'il faut faire des compromis... mais ne fait que rappeler ses positions. Régression du débat #DNTE— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) July 18, 2013
Une loi à l’automne. Ce refus du Medef ne devrait toutefois pas modifier le calendrier du gouvernement. Voulu par François Hollande, ce grand débat doit déboucher sur des propositions remises officiellement au gouvernement le 20 septembre lors de la Conférence environnementale annuelle pour nourrir une loi de programmation énergétique présentée à l'automne au conseil des ministres. En l’absence d’un texte consensuel, le gouvernement devra, c’est désormais une certitude, prendre un certain nombre d’arbitrages.