On a connu l’UMP plus prompte à réagir. Au lendemain de la lettre de Nicolas Sarkozy aux Français, publiée vendredi dans Le Figaro, les réactions à droite restent rares. Certes, certains continuent de soutenir l’ex-chef de l’Etat avec vigueur et avec zèle. D’autres sont plus mesurés. D’autres enfin, semblent refroidis par la violence de certains des écrits de l’ex-chef de l’Etat. Tout d’horizon.
Le plus sarkozyste que Sarkozy
Lui ne se pose même pas la question. Pour Henri Guaino, c’est un principe de base : Nicolas Sarkozy a toujours raison. Très proche de l’ancien président, dont il fut la plume à l’Elysée, le député des Yvelines n’a pas mâché ses mots vendredi matin sur Europe 1. Nicolas Sarkozy choque en évoquant la Stasi ? Henri Guaino se permet d’aller plus loin.
"Quand on se met à écouter tout le monde à tort et à travers, vers quel type de régime se dirige-t-on ?", s’est-il interrogé, avant de répondre lui-même : "sinon vers une société ou un régime où il n’y a plus de sphère privée, où il n’y a plus d’intimité, de secret des personnes, de secret des correspondances. Ça s’appelle, dans l’histoire, le totalitarisme. Et on y va", a osé le député des Yvelines.
Les solennels
Ceux-là n’en rajoutent pas, mais n’apportent aucune réserve aux propos de Nicolas Sarkozy. C’est le cas de Jean-François Copé. Le président de l’UMP a jugé que la tribune de l’ancien président était "indispensable, compte tenu de la violences des attaques dont il a été l'objet. C'était très important qu'il le fasse, c'était important pour notre famille politique d'entendre sa voix", a-t-il affirmé sur Radio Classique et LCI. Le député-maire de Meaux s'est indigné que lorsque l'ancien chef de l'Etat est "attaqué, ce n'est jamais assez violent", alors que lorsqu'il "attaque", on estime que "c'est toujours trop violent". "Je demande de rétablir l'équité des jugements politiques", a-t-il lancé avec gravité.
Même ton solennel pour Geoffroy Didier, qu’on a connu plus animé. "C’est une lettre partie du cœur, de quelqu’un qui aspire à être un citoyen normal, mais qui voudrait, en revanche, ramener chacun à la raison", a jugé jeudi soir sur Europe 1 l’un des leaders du très sarkozyste courant de La Droite forte. "Nicolas Sarkozy s’adresse à tous les républicains en leur disant des choses très simples et des choses très saines : d’abord je garde confiance à l’autorité judiciaire. Il le dit. Et surtout, il dit que personne ne doit laisser quelques-uns instrumentaliser la justice, violer des principes républicains pour leur strict intérêt personnel. Il s’adresse aussi aux quelques-uns, au ministre de l’Intérieur, au garde des Sceaux, qui ont menti aux Français et qui nous ont tous pris pour des imbéciles en faisant semblant de ne pas être courant alors que chacun sait, chacun sent bien qu’ils l’étaient", a-t-il conclu.
Les sceptiques
Ceux-là ne réagissent pas, ou seulement sous couvert d’anonymat. Car la violence du propos ne fait pas l'unanimité. "Il reprend la stratégie du Karcher", commente ainsi un cadre de l'opposition. Et selon un ancien ministre de Nicolas Sarkozy contacté par Europe1, cette réponse pourrait même "dégouter encore un peu plus les Français de la politique, et ne servir que le Front national".
François Fillon de son côté, a préféré faire réagir son entourage. Selon un de ses proches, l'ancien Premier ministre "estime que la tribune de Nicolas Sarkozy est une défense compréhensible", et que l'ancien président "a raison de vouloir être respecté dans ses droits". On a connu soutien plus chaleureux.
Une prudence de bon aloi, mais aussi risquée. Car selon les informations de Caroline Roux, éditorialiste à Europe 1, l’entourage proche de Nicolas Sarkozy note le nom des déserteurs, c’est-à-dire ceux qui sont pris en flagrant délit de silence ou de service minimum pour défendre l’ancien président. Si Jean-François Copé a finalement réagi, deux autres ténors de l’UMP sont dans le viseur : François Fillon et Alain Juppé. La parole de ces deux-là est plus que jamais attendue. A droite comme à gauche.
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