SUSPENSE - L'élection des présidents des conseils départementaux a lieu jeudi. Et dans certains territoires, rien n'est joué d'avance.
Place au "troisième tour". L'élection des présidents des nouveaux conseils départementaux doit conclure jeudi le scrutin départemental. Sur les 98 départements concernés par le scrutin, cette élection devrait se dérouler sans surprise dans 92 d'entre eux, où une majorité claire est sortie des urnes. Mais six conseils départementaux sont encore incertains, aucune majorité absolue ne s'étant dégagée dimanche, à l'issue du second tour. Tour d'horizon.
Le Vaucluse est sans aucun doute le département où le brouillard autour du "troisième tour" est le plus épais. La gauche et la droite sont à égalité parfaite, avec 12 élus chacune. Dix autres sièges ont été conquis par l'extrême droite : six pour le Front national, mené par Marion Maréchal-Le Pen, et quatre pour la Ligue du Sud, le parti local de Jacques Bompard (photo). L'élection du président du département pourrait se jouer… à la différence d'âge ! En effet, en cas d'égalité, c'est le candidat le plus âgé qui l'emporte. Or, l'UMP a confirmé que Maurice Chabert, 71 ans, serait son candidat, ce qui lui permettrait de devancer la gauche. Mais rien n'est encore joué, car le FN et la Ligue du Sud semblent décidés à multiplier les appels du pied envers les autres élus.
Signe que la tension est vive dans le département, un couac a eu lieu côté PS mardi après-midi puisque dans un premier temps, une source à la fédération du PS du Vaucluse avait indiqué que la gauche ne présenterait pas de candidat à la présidence du conseil départemental jeudi pour laisser la victoire à l'UMP Maurice Chabert. Information démentie peu de temps par l'exécutif sortant. "La seule décision prise est celle de Claude Haut (président PS sortant) de ne pas se présenter", a indiqué Alexandre Houpert, chargé de la communication auprès du président sortant, précisant que des discussions étaient en cours. Aucun candidat n'a été désigné "pour l'instant".
La gauche a obtenu 22 élus dans le Gard, contre 20 pour la droite et quatre pour le FN. Les scores, très serrés, ont cependant semé la confusion. Le FN serait prêt à négocier avec la droite pour former une coalition majoritaire, mais l'UMP gardoise refuse de discuter avec les frontistes. En revanche, elle "étudie les conditions d'un rassemblement républicain", sans vouloir en dire plus sur les "négociations en cours". Parviendra-t-elle à débaucher un conseiller élu sous les couleurs de la gauche ? Pour l'instant, celle-ci est favorite pour conserver la présidence du Gard. Le PS et ses alliés présenteront la candidature de Denis Bouad, qui devrait succéder à Jean Denat.
Dans l'Aisne, la droite a fait basculer le département à deux voix près. Menacée sur sa gauche par des appels du pied à certains élus et sur sa droite par l'élection de huit conseillers FN, l'UMP a joué la sécurité. En soutenant le candidat de l'UDI à la présidence du conseil départemental, elle a assuré sa coalition avec les centristes. Pour autant, en refusant tout accord avec la gauche comme avec le FN, la droite se condamne à tenter de gouverner avec une majorité relative.
C'est dans le Pas-de-Calais que le FN a obtenu son plus gros contingent, avec 12 élus. Mais dans ce fief historique de la gauche, le PS et ses alliés ont obtenu 36 sièges sur 78. Le problème, c'est que la droite et le FN disposent eux aussi de 36 élus au total, et ont donc les moyens d'empêcher la reconduction du socialiste Michel Dagbert à la tête du département. Pour déminer le blocage, le PS devrait s'allier avec les quatre élus Front de gauche du conseil départemental.
Dans le Tarn-et-Garonne, le président sortant Jean-Michel Baylet (photo) a des raisons de s'inquiéter. Le sort du patron des Radicaux de gauche, dont la famille dirige le département depuis 1970, est entre les mains d'un binôme d'élus étiquetés divers gauche. L'un d'entre eux, Christian Astruc, est un ancien proche de Baylet, mais il fait désormais partie de ses opposants. Alors que la droite fait jeu égal avec les troupes du président sortant en termes d'élus, le "tout sauf Baylet" triomphera-t-il ?
Dimanche soir, la Lozère était présentée comme le seul département passé de droite à gauche. Patatras : lundi, les élus du canton de la commune de Chirac ont opportunément fait savoir qu'ils n'étaient "ni de droite ni de gauche". Résultat : les deux camps se retrouvent à égalité, avec 12 sièges chacun. Par ailleurs, les socialistes locaux ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur le nom de leur candidat à la présidence du département. En attendant le dénouement, la petite histoire retiendra que c'est à cause de Chirac que la gauche aura douté de sa victoire en Lozère.
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