Michèle Alliot-Marie droite dans ses bottes. Attaquée de toutes parts pour ses propos tenus la semaine dernière sur la coopération policière de la France à la Tunisie, la ministre des Affaires étrangères a expliqué mardi ne pas avoir "vu venir les évènements" devant la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.
La France, pas plus que d'autres pays, n'avait vu venir ces événements", a déclaré la chef de la diplomatie française. "Soyons honnêtes : nous avons tous, hommes politiques, diplomates, chercheurs, journalistes, été surpris par la révolution de jasmin", a-t-elle ajouté, en soulignant que personne n'avait compris "l'accélération" des évènements.
La polémique est née le 11 janvier. La chef de la diplomatie française, avait déploré devant l'Assemblée nationale, les violences en Tunisie et proposé au régime de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali la coopération de la France en matière de sécurité et de maintien de l'ordre.
"J'ai fini par douter de moi"
Une sortie passée presque inaperçue alors. Trois jours plus tard, Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, lance la première volée de bois vert. De nombreuses personnalités politiques de l'opposition, comme Martine Aubry au PS ou Europe Ecologie-Les Verts lui emboîteront le pas en demandant à la ministre de présenter ses excuses voire de démissionner.
"Je suis scandalisée par le fait que certains aient voulu déformer mes propos, qu'on les ait coupés, qu'on les ait sortis de leur contexte pour leur faire dire à des fins purement polémiques le contraire de ce que je voulais dire et de ma sensibilité aux souffrances du peuple tunisien", se défend Michèle Alliot-Marie. "J'ai fini par douter de moi, je venais de passer une nuit dans un avion, et il peut arriver qu'on s'exprime mal. J'ai relu mes propos pour vérifier que ce que j'avais dit correspondait bien à ce que je pensais et non pas à ce que j'entendais et aux interprétations qui étaient faites par certains".
Fillon soutient MAM
De son côté, le gouvernement s'est rangé derrière Michèle Alliot-Marie. Démarche inhabituelle, alors que les députés socialistes ont interrogé mardi après-midi Michelle Alliot-Marie sur ses propos, c'est le Premier ministre qui a répondu à sa place. François Fillon a affiché son soutien à sa ministre, lui exprimant "toute sa confiance" devant les députés. Puis il a accusé le PS "d'une exploitation peu honnête" de ses propos, rappelant aux socialistes leurs relations avec le régime tunisien lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Quant à Laurent Wauquiez, ministre français des Affaires européennes, il a dénoncé mardi un "faux procès" fait à Michèle Alliot-Marie sur la Tunisie, reprochant en retour aux socialistes d'avoir tardé à exclure le parti de Zine el Abidine Ben Ali de leur Internationale. Le parti du l'ex-président tunisien, le RCD, a longtemps fait partie de l'Internationale socialiste, où ses représentants "avaient toujours été très bien accueillis notamment par les socialistes français", a-t-il relevé.
Un peu plus tôt, le ministre de la Défense, Alain Juppé avait lui aussi récusé les accusations de "défaillances" de la France. "Un gouvernement ne réagit pas en allant manifester dans la rue, il réfléchit, il réagit avec sang-froid et très rapidement, le gouvernement français a pris une position, il appartient au peuple tunisien de décider de son destin dans le cadre d'élections libres et démocratiques", a expliqué le ministre sur RTL.