La France était restée discrète jusqu’à maintenant face à la crise que traverse la Tunisie depuis la mi-décembre. Paris est finalement sorti de son silence via une déclaration de François Fillon critique à l’égard de Tunis. Le Premier ministre français a haussé le ton, face au gouvernement tunisien, se disant "extrêmement préoccupé par cette situation, par la violence qui s'est développée depuis quelques jours".
"Choisir la voie du dialogue"
François Fillon a appelé "instamment l'ensemble des parties à faire preuve de retenue, à choisir la voie du dialogue. On ne peut continuer dans cette utilisation disproportionnée de la violence". Le Premier ministre a également évoqué l'annonce, mercredi, de la libération de certains manifestants, estimant qu'il fallait "progresser dans cette voie". Il a assuré les Tunisiens que le gouvernement français tenterait de convaincre les autorités tunisiennes de "s'engager" dans ce sens.
Sur Europe 1, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a également réagi jeudi, affirmant que "la France appelle, depuis le début, chacun à la retenue (...) et demande que soit évité un usage disproportionné de la force". "Ce que nous espérons, c’est que les mesures politiques et économiques annoncées par les autorités tunisiennes permettront de faire baisser la tension", a-t-elle ajouté.
"L’escalade de la violence n’est jamais la réponse appropriée" :
Plus mesuré, le porte-parole du gouvernement François Baroin a également pris la parole jeudi, assurant que la France était "extrêmement vigilante" sur la situation mais en même temps qu'elle n'avait pas "à s'ingérer dans les affaires" de Tunis.
"La France ne peut rester en retrait"
L'opposition de gauche avait vivement critiqué la prudence de l'exécutif français, qui avait jusqu'à présent refusé de se poser en "donneur de leçons" face à la Tunisie. Michèle Alliot-Marie avait, jusqu’à maintenant, évoqué des "mouvements sociaux" et proposé l'aide de la France en matière de maintien de l'ordre.
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a estimé jeudi que "la France ne peut rester en retrait" face aux violences en Tunisie. Selon lui, "elle doit s'affirmer comme le chef de file de l'Union européenne dans les relations avec le Maghreb (...) pour relancer la dynamique régionale aujourd'hui en panne".
Le dernier bilan officiel de civils tués est de 23 morts depuis le début des manifestations, il y a près d'un mois. Mais un bilan - non officiel - fait état d'au moins 66 morts depuis la mi-décembre.