Nicolas Sarkozy a-t-il lâché trop de lest ? Angela Merkel a-t-elle gagné la partie ? L'Europe sort-elle renforcée ou affaiblie de la rencontre organisée lundi à l'Elysée ? Les réactions à l'annonce d'un accord entre le président de la République française et la chancelière allemande Angela Merkel ont été nombreuses. Europe 1.fr fait le point sur ces déclarations.
"Le nouveau traité est inutile et dangereux"
"Nicolas Sarkozy a tout lâché de ce que défendait la France : la mutualisation de la dette, le soutien de la BCE aux Etats, la souveraineté budgétaire des gouvernements, le contrôle démocratique des peuples. Le nouveau traité qui sera proposé au Conseil européen est inutile et dangereux", a attaqué, Jean-Marc Ayrault dans un communiqué le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale.
Au Parti socialiste, Julien Dray s'est inquiété d'"un abandon net de notre souveraineté budgétaire", ajoutant, "c'est désormais un fait indubitable, de quelque façon qu'on le maquille". Julien Dray a également ajouté qu’il est "d'autant plus consternant que les mesures annoncées ne constituent au bout du compte qu'une génuflexion devant les marchés"
"C'est l'acte de naissance d'une Europe régressive et disciplinaire. Rien en contrepartie sur le rôle de la Banque Centrale européenne", a renchéri le candidat du MRC à la présidentielle, Jean-Pierre Chevènement. "La crise de la monnaie unique implique qu'on cherche rapidement d'autres issues. L'idée d'une monnaie commune devrait faire son chemin", a-t-il insisté.
"Pourquoi une règle d'or qu'on sait ne pas respecter ?"
Daniel Cohn-Bendit (EELV), invité d’Europe 1 soir, a estimé de son côté que "dans toutes les décisions, ils (Nicolas Sarkozy et Angela Merkel) ne pensent jamais au Parlement européen, c'est là où le bât blesse, la démocratie européenne ne peut pas fonctionner". Le député européen a également insisté sur le fait qu’"on ne peut pas faire en Europe de la stabilité financière sans une Europe de la solidarité face à la crise".
De son côté, Cécile Duflot secrétaire nationale d'EELV a indiqué lors d’une conférence de presse qu’avec "les Verts d’Europe", EELV avait un "accord sur un autre scénario de sortie de crise réel, pas un scénario technique qui rassure les marchés temporairement. Pourquoi afficher une règle d'or qu'on sait ne pas respecter? Il faut des solutions qui s'attaquent à la racine du problème et pas seulement des solutions qui sont des moments de communication politique".
Au MoDem, la déception prime
Chez les élus centristes, les réactions ont été tout aussi critiques. Ainsi, Marielle de Sarnez, eurodéputée, membre du Modem, explique n’avoir pas aperçu "de vision globale, concrète, cohérente et de réponse à la crise de l'Euro". "J’espérais une profession de foi renouant avec l'esprit communautaire et je suis déçue", a-t-elle conclu sur France Info.
Hervé Morin, candidat Nouveau Centre à la présidentielle, a pour sa part déploré que cette réunion n'ait "débouché sur aucune annonce précise ouvrant la voie sur des réformes de fond, et notamment concernant l'évolution de la banque centrale européenne. Les seules mesures annoncées concernent l'instauration de la règle d'or et la mise en place de sanctions pour les pays ne respectant pas leurs engagements, mesures qui avaient déjà été largement dévoilées il y a plusieurs semaines".
"Vision sincère et courageuse"
Pour le secrétaire général adjoint de l’UMP, Marc Philippe Daubresse, "la vision sincère et courageuse de Nicolas Sarkozy pour nous sortir de la crise en étroite liaison avec l'Allemagne doit nous servir de guide et de référence". Il en profité pour dénoncer les "futiles polémiques lancées par certains leaders du Parti socialiste à l'égard de notre amie l'Allemagne".
Valérie Rosso-Debord, député UMP a, quant à elle, expliqué : "C'est dire la vérité, que de rappeler que tout remonte à 1983 avec la retraite à 60 ans, que les 35H ont été un drame pour notre pays, ce n'est pas taper sur les socialistes, c'est juste dire des choix économiques faits avec des visées électoralistes ont entraîné la France la ou elle est aujourd'hui. C'est dire que c'est une idéologie qui nous amène aujourd'hui à devoir prendre des solutions drastiques pour garder notre système de protection social".
Du côté des souverainistes, "le projet de traité sur lequel se sont mis d'accord Nicolas Sarkozy et Angela Merkel signe objectivement la fin des démocraties nationales au sein de la zone euro a estimé pour sa part, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République et candidat à la présidentielle.