La guerre des chefs a déjà commencé. Mais François Fillon et Jean-François Copé, rivaux pour la présidence de l'UMP, ont joué la carte de l'unité samedi à l'occasion de la première réunion interne du parti depuis que l'ancien Premier ministre s'est officiellement déclaré candidat, le 30 juin dernier.
Environ 350 cadres départementaux de l'UMP étaient réunis au siège du parti, à Paris, pour tirer le bilan des élections et préparer le congrès et l'élection de l'automne. L'occasion de réaffirmer et de "saluer unanimement", d'après Jean-François Copé, la stratégie du "ni Front national, ni Parti socialiste" choisie pour les législatives.
Le Mans Classic
François Fillon, qui n'est arrivé qu'à 11h30, soit une heure et demie après le début de la réunion, était présent malgré sa participation le même jour à la 6e édition de la course automobile du Mans Classic. De quoi soulever quelques interrogations sur le choix de ce jour par le secrétaire général de l'UMP. Des interrogations balayées d'un revers de la main par Jean-François Copé, qui les a qualifiées d'"infantiles".
"François (Fillon) était des nôtres et a prononcé un beau discours, il n'y a aucune raison de faire la moindre polémique là-dessus", a-t-il dit lors d'un point presse à l'issue de la réunion, qui se déroulait à huis clos.
"Une vague bleue"
En se déclarant le premier, François Fillon a pris de vitesse le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) et a coupé du même coup l'herbe sous le pied à un autre ancien Premier ministre, Alain Juppé, dont la proposition de candidature "consensuelle" ne rencontre guère d'écho.
Jean-François Copé, qui dit "rester zen", affirme qu'il n'est pas question de brûler les étapes et souligne se concentrer sur l'installation de l'opposition loin de "la confusion des genres".
"L'objectif pour nous maintenant, il est très clair, il est de créer les conditions d'une vague bleue pour les municipales de 2014 ainsi que les élections régionales et départementales", a-t-il déclaré samedi. "Chacun est parfaitement conscient qu'il y aura à l'automne une élection interne pour désigner le futur président de l'UMP mais chacun conçoit bien (...) que tout cela doit se faire avec la perspective de préserver (...) la cohésion et l'unité d'un grand parti de droite et de centre droit", a-t-il ajouté.
"Ni dramatisée, ni escamotée"
François Fillon a quant à lui estimé qu'il fallait que la campagne pour la présidence de l'UMP ne soit "ni dramatisée, ni escamotée". De nombreux élus présents samedi ont exprimé leur rejet d'une "guerre des chefs" à la tête du parti.
"La guerre des chefs, elle vient après. Peut-être que nos dirigeants sont un peu déconnectés de la réalité. Quand on est trop installé au pouvoir, on est déconnecté. Je pense qu'on souffre de ça à l'UMP", a déploré Gérard, un secrétaire du département d'Ile-et-Vilaine, interviewé par Europe 1.
Un rejet que semblaient avoir enregistré François Fillon et Jean-François Copé, même si la campagne est déjà ouverte entre les deux principaux adversaires. Après la déclaration de candidature de l'ancien Premier ministre dans les colonnes du Journal du dimanche, Jean-François Copé pourrait se lancer à son tour lors de la réunion de son club, "Génération France", prévue les 25 et 26 août à Maussane dans les Bouches-du-Rhône.
En revanche, ni Christian Jacob, patron des députés UMP, ni Jean-Pierre Raffarin, l'ex-Premier ministre, n'ont fait le déplacement. Même Alain Juppé, l'ancien ministre des Affaires étrangères qui proposait pourtant de prendre l'intérim à la tête du parti pour apaiser les tensions, a préféré rester à Bordeaux.