A l’UMP, il est urgent d’attendre. François Fillon et Jean-François Copé devaient se voir jeudi dernier pour trancher la question du revote pour la présidence du parti, conséquence du psychodrame de l’hiver dernier. La réunion a été annulée et reportée à ce lundi. Un nouveau rendez-vous qui a permis de décider... que ce sera aux militants UMP de choisir s'il est nécessaire d'organiser un nouveau vote. Un scrutin qui devrait ne rien changer en l'état des choses, les militants souhaitant tourner au plus vite cette page.
>> A LIRE AUSSI : revoilà le problème de leadership à l'UMP
Pourquoi cette rencontre ? Pour sortir de la crise dans laquelle ils avaient plongé leur parti, les deux candidats à la présidence de l’UMP s’étaient mis d’accord sur l’organisation d’un nouveau vote, en septembre 2013. Depuis, François Fillon a réfléchi : quel intérêt à replonger dans la bataille ? Pourquoi ne pas prendre un peu de hauteur en vue de la primaire de 2016 ? Jean-François Copé, lui, se verrait bien conserver les manettes du parti. A quelques mois des élections municipales, importantissimes pour lui, l’heure n’est pas à l’affrontement mais à l’unité. Même de façade… Et, chez les militants, on ne veut plus de ce scrutin, par crainte de voir les hostilités reprendre de plus belle. Les deux rivaux doivent donc trouver une porte de sortie honorable.
Désormais, chacun a ses échéances, selon l'éditorialiste politique d'Europe 1, Caroline Roux :
Qu’est-ce qui pose problème ? Le 14 mai dernier, les deux meilleurs ennemis se sont accordés sur les nouveaux statuts du parti et sur l’organisation d’une primaire en 2016 afin de choisir leur candidat pour l’élection présidentielle de 2017. Jusqu’ici, tout va bien… Reste toutefois de nombreux détails à régler, à commencer par la composition de la Haute autorité qui devra surveiller la régularité du scrutin. François Fillon, qui n’a pas digéré la façon dont a été organisé le précédent vote, sera intransigeant sur ce point.
Une autre question reste à régler, alors que tout le monde pensait avoir la réponse : faut-il à nouveau voter pour la présidence de l’UMP ? L’ancien Premier ministre a évolué sur ce point. Désormais, il souhaiterait, comme proposé par Xavier Bertrand, que ce soit les militants qui se prononcent sur l’opportunité d’un tel exercice. Car le député de Paris en est (presque) certain : "il suffit d'interroger n'importe quel militant de l'UMP pour voir qu'il n'est pas enthousiaste à l'idée qu'il y ait une nouvelle compétition interne", a-t-il jugé, jeudi dernier, sur LCI.
Les cadres s’impatientent. Si plus grand monde ne souhaite donc "une compétition interne", un chef est réclamé. Le "mariage pour tous" aurait pu être une occasion en or pour l’UMP de s’allier à un mouvement populaire. Mais parce qu’il a pris le train en marche et a essayé de l’instrumentaliser à son profit, Jean-François Copé a heurté nombre de ses collègues. Certains n’hésitent même plus à remettre en cause son autorité, et publiquement. Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale, a ainsi fustigé sur LCI "un problème de gouvernance. C'est-à-dire qu'on ne connaît pas le cap précis". Laurent Wauquiez, ancien ministre, a lui aussi jugé qu’il y a " trop de désordre en ce moment à l'UMP. La situation n'est pas satisfaisante pour les militants". Quant à Benoist Apparu, "dans la tête des français, des journalistes, c’est Nicolas Sarkozy qui incarne le leadership à droite." A l’UMP, il est urgent de trouver un chef.