La proposition qui fâche. Elle se trouve dans l’article 2 du projet de loi sur le mariage pour tous et concerne la transmission du nom de famille. "En l’absence de déclaration conjointe mentionnant le choix de nom de l’enfant, celui-ci prend le nom de l’adoptant et de son conjoint ou de chacun des deux adoptants, dans la limite du premier nom de famille pour chacun d’eux, accolés selon l’ordre alphabétique", édicte le texte. Or, en commission des Lois, un amendement a été adopté pour étendre cette règle aux "filiations par le sang".
En clair. En cas de désaccord entre les parents ou les adoptants, l’enfant obtient selon le projet de loi les deux noms de famille, dans l’ordre alphabétique. Avant, dans une telle situation, c’est le nom du père qui échoyait à l’enfant.
Pour l'UMP, "c'est l'effacement du père". L’UMP a bondi face à cette proposition. "Vous proposez une révolution mais cette révolution avance masquée", a lancé Hervé Mariton (photo). "Là où aujourd'hui un enfant s'appelle Durand, il s'appellera demain Durand-Martin sauf si les parents demandent explicitement qu'il s'appelle Durand", a expliqué le député de la Drôme. "Les Français vont se rendre compte que cette réforme aura un impact: c'est l'effacement du père !", a abondé Marc Le Fur. Philippe Gosselin, l’autre orateur de sur ce texte, a pour sa part déclaré: "Vous retirez aux Français leur nom de famille mais vous noyez le poisson !"
"On est en 2013 !" A gauche, on revendique évidemment ce changement. "Ce n'est pas l'effacement du père. Ce que vous attendez c'est l'effacement du nom de la mère ! On est en 2013 !", a riposté Erwann Binet, rapporteur socialiste du projet de loi. "Oui, c'est une révolution, nous l'assumons. Nous assumons que le père ne soit plus le seul à donner le nom", a de son côté lancé Christophe Bouillon, député PS de Seine-Maritime.
"La mère donne la vie,le père donne le nom".Le monde parfait de M.Hetzel(UMP) relayé par M.Censi qui clame son amour du patriarcat #DirectAn— Jérôme Guedj (@JeromeGuedj) 4 février 2013
Le gouvernement pas fermé. Le sujet n’est manifestement pas une priorité absolue pour le gouvernement. Christiane Taubira, qu’on a connu plus intransigeante, a précisé que l’équipe de Jean-Marc Ayrault soutenait cette disposition, mais que "le sujet méritait encore d'être discuté. Il peut mûrir pendant la navette parlementaire", a assuré la garde des Sceaux.