L’accouchement s’est fait aux forceps, mais l’UMP a (presque) accouché d’un accord, dimanche soir. Presque, car de nombreuses discussions vont encore avoir lieu pour fixer la marche à suivre dans les mois à venir.
Une discussion Copé-Fillon dans la journée. Après avoir soigneusement évité de se parler, les deux hommes ont repris langue, dimanche, et avec succès cette fois. "Nous avons décidé avec François Fillon de parler exclusivement ensemble", a annoncé Jean-François Copé, lundi matin, sur i>Télé, regrettant au passage l’influence néfaste des entourages. Un nouveau tête à tête est prévu lundi, à 18h15 à l'Assemblée nationale pour avancer un peu plus sur les modalités d’une nouvelle élection.
Car si le président proclamé de l’UMP a fait un pas en acceptant l’idée d’un nouveau vote avant les municipales de 2014, les fillonistes ne crient pas victoire pour autant. "Ce que je souhaite, c’est que l’on trouve un accord le plus rapidement possible. Je pense que cet accord est possible. Il ne suffit pas de se mettre d’accord sur la date, il faut des garanties d’équité et de transparence pour la nouvelle élection", a ainsi tempéré Valérie Pécresse sur RTL.
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L'officialisation de l’accord. Une fois que les deux meilleurs ennemis auront accordé leurs violons, il leur restera à faire entendre leur petite musique aux cadres de l’UMP. Jean-François Copé a en effet convenu lundi matin que cet accord ne se discute pas à deux mais doit associer d’autres figures du mouvement. Cela devrait commencer mercredi prochain par un bureau politique, à moins que Jean-François Copé, comme il en a envie, ne réussisse à l'avancée à mardi. Cela se conclura lors d’un conseil national en janvier prochain.
La fin du R-UMP. C’est une condition imposée par les copéistes. Et l’ancien Premier ministre a toujours dit que le R-UMP mourrait de sa belle mort en cas d’accord, ce qu’a confirmé un de ses lieutenants lundi matin : "François Fillon a été très clair : dès qu’un accord aura été validé par le conseil national, la réunification des groupes se fera", a ainsi lancé Valérie Pécresse. Mais un hiatus existe sur ce point. Pour Jean-François Copé, ce n’est pas au conseil national d’entériner l’accord : "non, on n’a jamais parlé de ça encore, c’est un point d’ajustement. C’est plutôt le bureau politique dont c’est la mission", a-t-il assuré.
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Quelle nouvelle élection ? Si la date semble acquise, septembre 2013, de nombreuses modalités sont encore à discuter. Dans le camp Fillon, on a déjà posé des conditions, auxquelles a en partie répondu Jean-François Copé lundi matin. "Je souhaite que nous ayons une direction collégiale qui intègre toutes les sensibilités", a-t-il lancé. Un bon point pour lui.
Quant aux demandes de vote électronique et d'absence de procuration pour éviter les fraudes, le président de l'UMP est en revanche resté évasif : "personne n’a jamais démontré que c’était les procurations qui avaient posé un problème. (…) Le vote électronique n’est pas exempt de triche. Rappelez-vous de ce qui s’est passé aux Etats-Unis il y a quelques années". OK pour faire un pas en avant, mais pas deux. "Il ne faut pas qu’untel ou untel vienne toutes les 10 minutes rajouter des diktats supplémentaires", a-t-il fait savoir avec fermeté, avant d’annoncer la mise en place d’"un groupe de travail sur les statuts, sur le règlement intérieur, sur l’organisation des élections qui fera tout ça", ce qui devrait contenter les fillonistes. "Bien sûr les conditions de l’élection de septembre doivent se faire sous le contrôle d’une haute autorité afin qu’il y ait une transparence dans l’égalité des moyens pour les candidats", a-t-il encore lancé, allant encore une fois dans le sens de l’ancien Premier ministre.
Tout semble donc aller pour le mieux. A une exception près, et elle est de taille. Sommé de se mettre en réserve de la présidence UMP pendant la campagne interne par les fillonistes, Jean-François Copé a été très clair : "la période d’une campagne électorale doit être une période durant laquelle le président de l’UMP reste président de l’UMP, bien sûr, mais il faut distinguer ce qui relève de son action de candidat et de président". Un désaccord suffisant pour faire capoter l’accord annoncé ?