>> L’info. D'abord le référendum. Ensuite, peut-être, un nouveau vote. D'ici le mois de décembre ou janvier, si la procédure va à son terme, les militants UMP pourraient revoter sur... l'opportunité d'un nouveau scrutin pour désigner le président de l'UMP. Deuxième vote et nouveau casse-tête en perspective car il y a là une ligne de fracture supplémentaire entre fillonistes et copéistes.
Qui dit quoi ? Revoter ou non : pour le camp Fillon, c’est clairement "oui". L’ex-Premier ministre a d’ailleurs annoncé mardi la création d’un groupe autonome à l’Assemblée avec cet objectif précis. "Je demande à Jean-François Copé une nouvelle élection par les adhérents dans les trois mois, sous le contrôle d'une commission indépendante", a lancé François Fillon. "Impossible", a cependant répondu Jean-François Copé. "Statutairement, nous n'avons absolument pas le droit de provoquer des élections comme ça au seul motif que c'est un ultimatum qui est lancé par celui qui n'a pas été proclamé élu".
L’intervention de Sarkozy. L’ancien président s’était lui-même prononcé pour un nouveau vote, mais avec un préalable : poser la question aux militants. Jean-François Copé a donc repris l’idée, l’a proposé à Fillon, qui s’y est dit favorable sous conditions. Dans une lettre adressée mardi à Jean-François Copé, l'ancien premier ministre demande "des garanties absolues d'impartialité et d'équité". Qui passeraient notamment par un vote par Internet organisé par un prestataire extérieur indépendant, "choisi d'un commun accord et sous la supervision strictement paritaire de nos deux équipes", et sous le contrôle d'une commission indépendante de personnalités reconnues de l'UMP. Revirement mercredi matin puisque Jean-François Copé a estimé sur Europe 1 que "les conditions ne sont pas réunies" pour organiser une consultation populaire des adhérents.
>> A lire aussi : Sarkozy, le maître du jeu
Que disent les statuts ? Les copéistes le répètent à l’envi : organiser une nouvelle élection réclame statutairement six mois de campagne. Et on ne sait honnêtement pas où ils ont trouvé ce chiffre. Après épluchure des dits statuts, pas de trace de ses fameux six mois. Au contraire même. Précisément, les copéistes devraient brandir le Règlement intérieur, puisque l’article 26 des statuts y renvoie directement. "Les modalités de vote sont définies par le Règlement intérieur", peut-on y lire.
Que dit le règlement intérieur ? Place donc aux six pages du RI. Et là, l’article 27 stipule qu’"en cas de vacance de la présidence de l’Union (sic), la Cocoe organise dans les six mois l’élection d’une nouvelle équipe dirigeante". Six mois maximum donc, et non minimum. Encore faut-il s’entendre sur la notion de "vacance de la présidence". Pour Jean-François Copé, qui s’appuie sur la Commission de recours, qui "statue en dernier ressort", selon les statuts, cette condition n’est évidemment pas réunie.
Le seul passage qui pourrait apporter du grain à moudre aux soutiens de Jean-François Copé se trouve dans l’article 26 alinéa b, puisqu’il y est précisé que la Cocoe doit annoncer "le nombre minimum d’adhérents requis pour parrainer une candidature (…) au moins quatre mois avant la date retenue" pour la proclamation des résultats.
Et le référendum au fait ? Une telle disposition, proposée par Nicolas Sarkozy, n’est elle-même pas prévue telle quelle dans les statuts. La question posée pourrait donc techniquement porter sur une modification des statuts, prévue dans l’article 42. Car une telle révision est possible par le Congrès, c’est-à-dire l’ensemble des adhérents à jour de cotisation. Par ailleurs, beaucoup plaident déjà pour le vote électronique. Celui-ci est bel et bien prévu dans les statuts, à l’article 14.
Quels candidats ? En cas de nouvelle élection, François Fillon aura sans doute un effort sémantique à fournir s’il veut se représenter. "Je ne revendique pas la présidence de l'UMP, je renonce à la présidence de l'UMP", avait-il en effet déclaré mercredi soir sur TF1. Jean-François Copé a, lui, démontré une certaine appétence pour le poste depuis près de 10 jours. Dans l’esprit de beaucoup, un nouveau vote opposerait à nouveau les deux hommes.
De beaucoup, mais pas de Bernard Accoyer. Jean-François Copé et François Fillon "ont perdu beaucoup de plumes. Et nous avons besoin d'air frais. Cela veut dire qu'il faut que cette élection amène de nouveaux candidats, que l'on voit autre chose", a plaidé l’ancien président de l’Assemblée nationale sur France Inter.
Quel coût ? Dominique Dord, trésorier démissionnaire de l’UMP, avait estimé 17 octobre dans Libération le coût de la campagne pour le parti à 500.000 euros. L’UMP avait en outre alloué une enveloppe de 50.000 euros aux deux candidats. Soit un total théorique de 600.000 euros pour une nouvelle campagne. Une somme qui ne semble avoir rien d’insurmontable pour un grand parti comme l’UMP, aussi endetté soit-il. D’autant que coût comprend des processus, tel que le parrainage des adhérents, dont l’UMP pourrait faire l’économie en cas de nouveau vote.