L'INFO. Traumatisés par la guerre des chefs de novembre 2012, les ténors de l'UMP ont choisi mardi, de masquer leurs divergences sur le positionnement à avoir à l'égard du FN, en adoptant à l'unanimité une position commune contre "tous les extrémismes". Un texte volontairement vague, dont le principal mérite est d'avoir été signé par tous les membres présents à la réunion, François Fillon compris. Mais qui ne règle en rien la question de la ligne à adopter par l'UMP face au FN.
Fillon impose le mot "sectarisme". Le comité politique de l'UMP a adopté mardi à l'unanimité une position réaffirmant l'opposition du parti à la politique socialiste et "à tous les extrémismes et sectarismes", a indiqué Jean-François Copé, à l'issue de la réunion qui s'est tenue en présence de François Fillon. Pour montrer que le parti est sur la même longueur d'ondes, c'est l'ancien Premier ministre en personne qui a demandé qu'on retienne le mot "sectarisme" dans le texte. Car c'est ce même mot que François Fillon avait employé, le 9 septembre, lors du "Grand Rendez-vous" Europe 1-Le Monde-i>Télé, invitant les électeurs à voter pour "le moins sectaire" entre un candidat PS et un candidat FN aux prochaines municipales.
"Ni-ni" ou "ou-ou" ? A écouter le président de l'UMP, la question de la stratégie à adopter vis-à-vis du FN n'a plus lieu d'être. "En réalité, il y a un vrai consensus sur tout ça. Il peut y avoir des différences sémantiques, mais le positionnement politique est parfaitement clair et assumé à l'unanimité", a assuré, sans, rires, Jean-François Copé. En d'autres termes, le "ni-ni" ou le "ou-ou" défendu par François Fillon serait au fond la même chose.
Fillon veut s'adresser aux électeurs FN … "J'ai expliqué à mes amis que j'avais combattu le Front national toute ma vie et que je n'avais pas l'intention de changer de position. J'ai toujours combattu les alliances avec le Front national et je les combattrai toujours", a déclaré de son côté François Fillon en sortant du comité politique de l'UMP. "A titre personnel, jamais je ne voterai pour un candidat du Front national", a-t-il réaffirmé, comme il l'avait déjà dit à Nice vendredi dernier.
Ce matin, j'ai dit à mes amis que j'avais combattu le Front national toute ma vie et que je n'avais pas l'intention de changer de position— François Fillon (@FrancoisFillon) September 17, 2013
J'ai appelé à lutter contre tous les sectarismes, parce que c'est l'ennemi du redressement national— François Fillon (@FrancoisFillon) September 17, 2013
Mais l'ancien Premier ministre a fait valoir que "le pays est frappé par une crise profonde qui ne trouvera de solution qu'à travers un vrai mouvement d'union nationale qui dépasse les rangs des formations politiques actuelles". "Si nous voulons appeler un rassemblement, nous devons nous adresser à ceux qui aujourd'hui sont tentés de voter pour le Front national, aussi à des hommes et femmes de gauche qui peuvent à un moment se retrouver autour d'un projet de redressement national".
… et assume d'être "minoritaire". Minoritaire au sein de son propre parti ? François Fillon l'assume."C'est le rôle d'un homme politique de faire bouger les lignes", a t-il assuré, comme un Nicolas Sarkozy aimait le dire. "On ne peut pas rester assis sur sa chaise en répétant les mêmes formules depuis des années et des années", a confié le candidat à la primaire UMP pour 2016. Manière de renvoyer dos à dos les deux doctrines "officielles" du parti à l'égard du FN, le front républicain et la stratégie du ni-ni élaborée en 2011 par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé après le premier tour des cantonales.
Persuadé que "les consignes de vote exaspèrent les Français", François Fillon ne veut plus entendre parler du "ni-ni". "Je veux qu'on arrête de caricaturer, stigmatiser, exclure des électeurs qui sont des Français. Je ne condamnerai jamais un Français qui vote pour un autre Français", a déclaré l'ancien Premier ministre.