Guéant assure sa défense (presque) tout seul. Depuis lundi, Claude Guéant n'en finit plus de s'expliquer après les révélations du Canard Enchainé sur les résultats d'une perquisition menée à son domicile, en février dernier. Outre 500.000 euros virés sur son compte depuis l'étranger que l'ancien ministre de l'Intérieur justifie par la vente de deux tableaux de maître, les enquêteurs ont trouvé des traces de paiement de factures en liquide pour des montants importants. Face à ces accusations, l'ancien locataire de la place Beauvau apparaît comme son meilleur avocat pour assurer sa défense. Car à l'UMP, les ténors du parti ne se bousculent pas pour lui apporter un soutien. Pas un mot de Jean-François Copé ni de François Fillon.
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Morano et Mariani ressortent la théorie du complot. Seuls quelques sarkozystes sont montés au créneau pour défendre celui qui fut considéré comme le numéro 2 de l'Elysée. A chaque fois, un argumentaire, le même que celui utilisé après la mise en examen de Nicolas Sarkozy. La fameuse théorie du complot. "Le but reste d’atteindre Nicolas Sarkozy. A chaque fois qu'un bon sondage sort sur lui, il y a une perquisition ou une affaire qui apparaît sur un de ses proches. Comme il craint Nicolas Sarkozy, je me demande si François Hollande n’est pas tenté d’appuyer sur des boutons", a confié au Monde l'ancienne collègue de Claude Guéant sous le gouvernement Fillon. Un parfum de complot repris par le chef de file de la Droite populaire Thierry Mariani. "En touchant les proches de Nicolas Sarkozy, on cherche à atteindre la cible ultime : Nicolas Sarkozy (…) Un an après l’élection de François Hollande, Nicolas Sarkozy reste son principal adversaire donc il y a une volonté de le salir", affirme encore au Monde l'ancien ministre des Transports.
Bachelot dégaine. "Si quand il était chef de cabinet de Nicolas Sarkozy de 2002 à 2004, Claude Guéant a touché des primes de cabinet, soit il ment, soit il y avait peut-être au ministère de l'intérieur de l'argent qui circulait, parce qu'il faut rémunérer un certain nombre d'indicateurs, d'informateurs, mais il n'avait pas à mettre cet argent dans sa poche" (…) "Donc là, si les explications qu'il donne continuent, soit c'est un menteur, soit c'est un voleur", avait fustigé mardi l''ancienne ministre UMP Roselyne Bachelot.
Dati et Jouanno suivent. Pour sa défense, Claude Guéant a ensuite expliqué qu'il existait, place Beauvau, un système de primes en espèces instauré de manière officieuse. Contactées par Le Monde, Chantal Jouanno, qui fut membre de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'intérieur de 2002 à 2004 et Rachida Dati, conseillère à l'hôtel de Beauvau de 2002 à 2004, assurent toutes deux n'avoir jamais reçu de primes en liquide. "Je ne touchais que des primes sur mon compte bancaire, rien en liquide", affirme Chantal Jouanno. Rachida Dati, dit, elle, avoir "reçu une prime de 250 euros mensuels, par virement, sur son compte en banque".