Après "Marseille 2006", qui avait parfaitement lancé la campagne présidentielle, l'UMP souhaitait un "bis" cette année, à quelques mois de l'élection présidentielle. Prévue pour être le "contrepoint" du spectacle de "division" du Parti socialiste à La Rochelle, l'université d'été du parti présidentiel a finalement été perturbé de bout en bout. Retour sur trois jours de turbulences.
Vendredi : coups de gueule de Raffarin et Devedjian
Les premiers coups à l'unité du parti ont été portés en interne et en public. Dans Le Monde, Patrick Devedjian a émis ses doutes sur la direction prise par l'UMP. "La situation actuelle exige un grand projet de société. Je ne le vois encore nulle part", dit-il. "L'élection (présidentielle) va être difficile (...) il faudra proposer un projet profondément novateur qui réponde aux angoisses d’une société bouleversée par la mondialisation", a ajouté le président du Conseil général des Hauts-de-Seine.
Dans l'après-midi, Jean-Pierre Raffarin a publié un billet sur son blog dans lequel il a demandé une "clarification" sur les "déclarations brutales" de Nicolas Sarkozy à son endroit. La veille, lors d'un petit-déjeuner de la majorité, le président avait qualifié d'"irresponsables" les propos de l'ancien Premier ministre sur la taxe des parcs à thème. "Il est possible d'avoir des arguments contre cette mesure mais on ne peut pas laisser dire qu'elle revient à attaquer les pauvres comme l'a dit [Jean-Pierre] Raffarin", a estimé Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Raffarin a finalement obtenu gain de cause puisque le gouvernement est revenu sur sa proposition de taxer les parcs à thème. Le ton était donné.
Samedi : la santé de Chirac avant tout
Au deuxième jour, c'est le procès Chirac qui a monopolisé l'attention. L'ancien président pourrait ne pas assister à son procès à cause d'un état de santé jugé "vulnérable". Un rapport médical montre la fragilité du président. "Bernadette Chirac m'en avait dit un mot lorsque j'avais dit que je le trouvais fatigué. On peut discuter avec lui pendant quelques instants, mais il oublie un peu, il ne reconnaît pas forcément les gens", a expliqué sur Europe 1 Bernard Debré, ajoutant que cela donnerait "une image catastrophique".
A Marseille, le soir, Jean-François Copé et François Fillon ont tenté de montrer une image d'unité et de rassemblement derrière le chef de l'Etat, absent. Ils sont arrivés ensemble dans la même voiture au dîner avec les jeunes UMP, ont annoncé la tenue d'un petit-déjeuner avec ministres et dirigeants du parti le lendemain, et se sont donnés du "mon cher François" et "mon cher Jean-François" à la tribune. Mais la soirée a été polluée par l'annonce du retour imminent de DSK en France...
Dimanche : le retour de DSK
Avant le début du dernier jour, l'arrivée de Dominique Strauss-Kahn à l'aéroport de Roissy et la cohue que cela suscite agacent à Marseille. Sur Europe 1, Renaud Muselier a montré son exaspération. "On sombre dans le ridicule, c'est absolument ridicule. Comme si il y avait que cela qui se passait en France. Qu'est-ce qu'on en a à faire, laissez-le tranquille ce pauvre homme", a-t-il commenté. Jean-François Copé a jugé dimanche à Marseille "bien dérisoires et décalées" les "centaines de caméras braquées" sur Dominique Strauss-Kahn.
"DSK était attendu à La Rochelle, il est finalement arrivé pendant Marseille", a ironisé un membre du gouvernement. Cela n'a pas empêché le Premier ministre de déroulé son message d'unité, teinté de rigueur. "Il n'y a pas de cagnotte, il n'y a pas de trésor caché et ce n'est pas en empruntant les slogans de la gauche que nous résoudrons nos problèmes financiers", a-t-il par exemple lancé en direction de Jean-Pierre Raffarin, qu'il n'apprécie guère.
François Fillon a aussi eu un mot pour le PS, à qui il a redemandé de voter la règle d'or. "Les contradictions du Parti socialiste sur les modalités de réduction de nos déficits doivent être prises très au sérieux par les Français car tout relâchement budgétaire et toute promesse inconsidérée replongeraient notre pays dans la crise", a-t-il par ailleurs prévenu.
Invité du Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien-Aujourd'hui en France/i-Télé dimanche, Xavier Bertrand a dénoncé une "crise d'amateurisme au Parti socialiste. "Vous voulez trouver des socialistes courageux, regardez en Allemagne ou en Espagne pour le vote de la règle d'or. Jamais en France". "Il y avait avant une forme d'antisarkozysme primaire, il y a maintenant une forme d'antisarkozysme pour gagner la primaire", a conclu Xavier Bertrand.