"Il regarde très attentivement ce qui se passe", assure mardi Alain Juppé. Alors que François Fillon et Jean-François Copé se livrent un duel sans merci pour arracher la présidence de l’UMP, l’ombre de Nicolas Sarkozy n’a jamais été aussi présente.
Copé était en bonne position mais ... Qui a été adoubé par Nicolas Sarkozy ? Officiellement, personne. Depuis son retrait de la vie politique, l’ancien président veut se placer au-dessus de la mêlée et refuse de prendre position pour François Fillon ou Jean-François Copé. "Nicolas Sarkozy n'a pas intérêt à intervenir dans la guerre, mais ça n'empêche pas d'envoyer des signaux", estime un ancien ministre de la majorité.
Des signaux qui ont, dans un premier temps, penché vers le secrétaire général de l’UMP. Ces dernières semaines, l’ancien chef de l’Etat s’est laissé aller à quelques confidences, lors des nombreuses visites qu’il a reçues. La première remonte au 2 septembre. "De toute façon, je ne peux pas faire battre Fillon" a t-il confié à un ancien-poids lourd du gouvernement, selon Le Parisien. Nicolas Sarkozy roulerait donc pour Jean-François Copé ? L’intéressé a lui-même accrédité cette thèse. En affirmant, début septembre, qu'il s'effacerait s'il le fallait derrière Nicolas Sarkozy pour 2017, le député-maire de Meaux a entretenu la théorie d'un accord donnant-donnant avec l'ancien président.
Fillon ? "Pas loyal". Aux dernières nouvelles, Nicolas Sarkozy aurait revu son jugement, se montrant sévère à l’égard des deux principaux candidats. Chacun ayant droit à son petit qualificatif désagréable. Jean-François Copé ? "Hypocrite". "Il s’appuie à fond sur moi pour faire sa campagne. Mais je sais très bien qu’il ne se retirera pas", s’est agacé l’ancien président, selon des propos rapportés par le JDD. François Fillon n’est guère mieux loti. "Pas loyal", a tranché Nicolas Sarkozy, déçu de ne pas recevoir beaucoup de coups de téléphone de sa part.
Face ce ni-ni, c’est la course à l’échalote entre Copé et Fillon.
Le "coup" de Fillon, la riposte de Copé. En définissant le fillonisme comme une approche "plus sereine et plus pragmatique des choses" que le sarkozysme, dans une interview au Point le 23 août, François Fillon a, dans un premier temps, semblé se démarquer de l’ancien président. Pour le plus grand bonheur de Jean-François Copé. Trois jours plus tard, lors du grand raout organisé à Nice à la gloire de Nicolas Sarkozy, ce dernier profitait de la tribune pour égratigner son rival : "Je ne fais pas partie des gens qui prennent leurs distances. (…) Je ne suis pas dans le droit d’inventaire", assénait le secrétaire général de l’UMP, visant sans ambages François Fillon, absent de Nice pour cause de blessure. Depuis, l'ancien Premier ministre revendique, lui aussi, l’héritage de celui qui n’a pourtant jamais "été son mentor".
Les révérences à sa majesté Nicolas. Espérant l’adoubement de celui qui reste aujourd’hui le chef naturel de la droite, les deux prétendants à la présidence de l’UMP multiplient les révérences à l’égard de Nicolas Sarkozy, chacun cherchant à occuper la place de l’héritier, aux yeux des militants. "La vérité, c'est que le sarkozysme, c'est un peu comme l'amour, il y en a qui en parlent beaucoup parce qu'ils ont des raisons d'en parler (car) leur amour est assez récent et il y en a d'autres qui ont pu montrer tout au long de ces années" des preuves d'amour, a moqué lundi soir François Fillon, lors d’un déplacement à Boulogne-Billancourt. Une allusion au fait que Jean-François Copé et l’ancien président ont entretenu des relations tendues pendant les premières années du quinquennat.