A droite comme à gauche, l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy dimanche soir n'a pas laissé sans voix. Les uns ont estimé qu'il avait un "vrai plan stratégique pour la France", quand d'autres ont jugé que le chef de l'Etat n'avait pas agi durant ses cinq années de mandat. Retour sur les principales réactions.
"Un président, très président"
"Pleinement investi" sur Lejaby. Laurent Wauquiez, ministre UMP de l'Enseignement supérieur, se "félicite de la détermination sans faille du président de la République pour maintenir un site de production à Yssingeaux". "Pour s'être entretenu personnellement avec le président du cas des ex-salariées de Lejaby, Laurent Wauquiez sait Nicolas Sarkozy pleinement investi sur ce dossier, symbole de l'engagement du président à défendre l'emploi en France", affirme-t-i dans un communiqué.
"Sa détermination à agir". Pour le Premier ministre, "le président de la République a montré, en annonçant des mesures fortes, sa détermination à agir au service des Français". François Fillon a alors affirmé que "la France est en proie à une crise économique grave, qui touche l'ensemble des pays européens, perdre du temps, comme le suggèrent certains, serait agir contre l'intérêt national".
"Un président dans l'action". Le ministre du Travail s'est dit extrêmement positif, à la suite de l'intervention du chef de l'Etat. "Pour Nicolas Sarkozy, la priorité est la même que celle des Français : l'emploi, l'emploi, l'emploi. Et au-delà des mesures décidées lors du sommet pour l'emploi, il en faut d'autres plus structurelles comme la baisse des charges sur le travail", a résumé Xavier Bertrand. Et d'ajouter : "un président dans l'action plutôt que des candidats dans de vagues déclarations d'intention, voilà ce que veulent les Français".
"Un vrai plan stratégique pour la France". Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, estime quant à lui que Nicolas Sarkozy a posé les "premières bases d'un vrai plan stratégique pour la France de demain. Avec certes des efforts, mais aussi une espérance". Enfin, a-t-il assuré, "le message premier du président de la République, c'est un message que nous pouvons tous partager : le principal adversaire de la France, c'est le chômage".
"Très président". "Certains le trouveront courageux, d'autres suicidaire, et à coup sûr les démagogues à l'oeuvre vont s'en donner à coeur joie. Moi je l'ai trouvé très président, enfin entré dans les habits de sa fonction !", a jugé Jean-Christophe Lagarde, président exécutif du Nouveau centre.
"Il a prouvé sa détermination et sa maîtrise". Pour Eric Raoult, député UMP de Seine-Saint-Denis, "l'intervention de Nicolas Sarkozy a été brillante". Il a constaté "une nouvelle fois prouvé sa détermination et sa maîtrise des dossiers pour lutter efficacement contre les effets de la crise, en proposant des mesures courageuses comme celles sur les questions du logement, de l'emploi ou bien celles sur la fiscalité qui permet de faire entrer la France dans la compétitivité internationale des années à venir".
"Rassurant, lucide et déterminé". Pour Yvan Lachaud, président du Groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale : Nicolas Sarkozy "a confirmé qu’il entendait rendre utile son action jusqu’à la dernière minute du quinquennat (...). Les mesures courageuses annoncées doivent permettre à la France de gagner en compétitivité, pour défendre notre bien le plus précieux : l’emploi des Français (...). Enfin, en concédant des regrets sur la gestion de son quinquennat, Nicolas Sarkozy s'est grandi et a fait preuve d'humilité."
"Il a fui son bilan et ses responsabilités"
"Un abus de fonction". Pour le député socialiste Pierre Moscovici, Nicolas Sarkozy s'est présenté en tant que "candidat" dimanche, "qui de manière assez indécente s'est invité sur six chaînes". C'est "un président-candidat qui abuse de sa fonction", a-t-il martelé avant de juger "un peu surréaliste un président totalement amnésique qui ne semble pas réaliser qu'il est président depuis cinq ans et que les échecs qu'il critique ce sont les siens. C'est un aveu d'échec".
"Mal à l'aise et dépassé". Pour Jean-Michel Baylet, le président du PRG, "tout au long de son entretien, le président s'est montré mal à l'aise et dépassé". Il a estimé que Nicolas Sarkozy a fui "son bilan et ses responsabilités, s'en prenant aux 35 heures et aux collectivités locales pour justifier un déficit public qu'il a largement contribué à creuser, il s'est laissé enfermer par les journalistes dans les incohérences de ses politiques successives".
"Un 3e plan d'austérité". C'est en colère qu'a réagi Jean-Luc Mélanchon. Le candidat du Front de gauche à la présidentielle a reproché à Nicolas Sarkozy "d'annoncer un troisième plan d'austérité. Standard and Poor's a été obéie. Cela va saigner. La ponction annoncée pour servir la finance sera supportée à 85% par les ménages. Le capital y contribuera six fois moins. J'annonce même qu'il n'y contribuera pas du tout. Car les mesures qui frappent le peuple s'appliqueront tout de suite, tandis que celles qui toucheraient le capital sont reportées au lendemain de l'élection".
"Il a joué son va-tout". C'est une intervention ratée pour François Rebsamen, président du groupe socialiste du Sénat. "Nicolas Sarkozy a tenté en vain d'endosser les habits du Capitaine courage, mais il faisait plutôt penser aux médecins de Molière qui à force de saignées, achevaient le malade qu'ils étaient censés guérir. Le Président sortant a joué son va-tout, multipliant une de fois de plus les effets d'annonces et les changements de cap, pour tenter de reconquérir l'adhésion des Français. Ces mesures ficelées à la hâte, prises à deux mois de la fin de son quinquennat, sont le signe de l'affolement d'un président aux abois", a-t-il jugé.
"La schizophrénie semble frapper à la tête de l'État". Najat Vallaud-Belkacem, porte-parole de campagne de François Hollande a estimé pour sa part que c'est "Docteur Nicolas et Mister Sarkozy. La schizophrénie semble frapper à la tête de l'État. Le candidat semble peser lourd dans la tête du président. L'un voudrait promettre ce que l'autre n'a jamais pu - ni voulu - faire. Le premier espère encore que les Français ne tiendront pas compte de son action depuis cinq ans. Le second voudrait faire croire qu'il peut faire autre chose que ce qu'il a toujours fait : des promesses".
Vers "un grand progrès pour notre économie" ?
"Un danger social". Le syndicat Force ouvrière a indiqué dimanche que "toute augmentation de la TVA constitue une erreur économique et un danger social. Au final, il n'en reste pas moins que pour sortir de la crise en France comme ailleurs et en Europe il faut sortir du libéralisme économique et de l'austérité économique, salariale et sociale".
"Des mesures favorables à l'économie française". Autre son de cloche du côté du patronat. Laurence Parisot a estimé que "le Président de la République a annoncé une série de mesures favorables à l'économie française et susceptibles de donner des atouts compétitifs nouveaux à nos entreprises". La présidente du Mouvement des entreprises de France a précisé : "si nous arrivons à nous entendre, syndicats et patronat, pour définir un cadre général à ces accords qui donneraient de la flexibilité, de la souplesse, de l'adaptabilité aux entreprises qui traversent des moments difficiles, ce serait un grand progrès pour notre économie".