A neuf mois des primaires socialistes, cette petite phrase crée bien des remous. Dans un entretien au Pointà paraître jeudi, Anne Sinclair explique ne pas souhaiter que son époux, Dominique Strauss-Kahn, prétende à un second mandat de président du Fonds monétaire international (FMI). Or, renoncer à son poste au FMI reviendrait à lui ouvrir la voie d’une potentielle candidature à la présidentielle de 2012.
Les proches d’Aubry minimisent…
De quoi entretenir de vives discussions chez les socialistes, réunis depuis mardi à Dakar, au Sénégal, dans le cadre du Forum social. Dans le camp Aubry, la tendance est à la modération. C’est "beaucoup de buzz pour rien", s’est ainsi amusé le député parisien David Assouline, proche de la Première secrétaire du PS.
Harlem Désir a quant à lui parlé d’un "coup de com’ révélateur de l’inquiétude des entourages face à des sondages en baisse et à une Martine Aubry qui s’installe dans l’opinion."
Interrogée en fin de journée, Martine Aubry a évacué le sujet. "Je suis là pour parler de la France et de l'Afrique, et de la place que l'Afrique doit reprendre dans le monde. Vous ne comprenez pas où sont les enjeux", a-t-elle lancé, en plaisantant sur les journalistes "givrés." Elle a indiqué qu'elle "ne commentait pas les petites phrases, fussent-elles celles de (son) "amie Anne Sinclair".
Les strauss-kahniens croisent les doigts
Du côté des strauss-kahniens, on se défend toutefois de toute manipulation, même si l’idée d’une candidature DSK met l’eau à la bouche. Le député Jean-Christophe Cambadélis a ainsi joué la carte de l’habileté : "la confidence d'Anne Sinclair ne clôt pas le débat sur son retour, mais démontre qu'il n'est pas impossible." "Connaissant Dominique, tout cela est maîtrisé", a renchéri le strauss-kahnien François Kalfon, délégué général aux études d’opinion du PS, pour lequel "un signe n'est pas un oracle, mais c'est quand même un signe".
Il n’est d’ailleurs pas le seul à penser que la phrase d’Anne Sinclair n’est pas innocente. "Personne ne peut penser que cette phrase n'a pas été travaillée, pensée", d’après le député du Doubs Pierre Moscovici. Ce dernier a par ailleurs jugé qu'il fallait savoir "faire un sacrifice de sa personne". "Il faut avoir une attitude responsable. Je suis candidat aux primaires, je l'étais et en même temps, il est là, il est mieux placé que moi", a-t-il ainsi glissé.
Manuel Valls, pourtant candidat déclaré aux primaires, souhaite de son côté "que DSK soit candidat". "La crise économique, mais surtout la crise politique qui est en train de gagner notre pays, amènent forcément à une candidature solide qui doit être celle de Dominique Strauss-Kahn", a-t-il ainsi avancé, jouant la carte du "fair-play".
L'UMP moque un "événement considérable"
Si pour les socialistes, l'heure est au questionnement, la majorité a, elle, saisi l'occasion pour tacler le PS. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a ironisé sur "l'événement considérable" engendré par la phrase d'Anne Sinclair. "Je constate que le PS est non seulement totalement absent sur tous les sujets", mais aussi "qu'aujourd'hui l'événement absolu c'est de savoir ce que l'on doit penser de la petite phrase d'Anne Sinclair", a ainsi déploré le maire de Meaux. "Le suspense insoutenable connaît une nouvelle étape. C'est que peut-être M. Strauss Kahn pourrait nous faire éventuellement l'honneur de revenir dans le débat français", a-t-il plus loin ironisé.