Les discussions promettent d'être tendues au Palais Bourbon. Le dernier marathon budgétaire de la législature démarre mardi à l'Assemblée avec un budget 2012 d'austérité, sur fond de croissance plus faible que prévu et de menace sur la note souveraine de la France. A sept mois de l'élection présidentielle, la dégradation de la situation économique française rajoute aux procès en irresponsabilité budgétaire que se font mutuellement la droite et la gauche.
Aucune hausse générale des impôts n'est au menu de ce projet, mais des augmentations ciblées avec un coup de rabot de 10% sur certaines "niches fiscales" ou avec la création de nouvelles taxes, comme sur les sodas. Si le gouvernement vante un budget "soigneusement dosé", avec un effort requis surtout des grandes entreprises et ménages aisés pour préserver la croissance et l'emploi, le PS dénonce un projet "injuste" affectant les classes moyennes et populaires, et risquant de replonger la France dans la récession.
Fillon recadre la majorité
Avec un Sénat désormais majoritairement à gauche, le gouvernement ne veut prendre aucun risque. Prenant les devants, le Premier ministre François Fillon a ainsi sommé mardi les députés UMP d'être, dans le contexte actuel de crise, "exemplaires" et disciplinés sur le projet de budget. "Il ne peut pas y avoir de surprise, il ne peut pas y avoir de coup politique" sauf à "mettre en cause l'autorité du Premier ministre, du gouvernement, et de la majorité", a-t-il déclaré selon des participants à la réunion à huis clos des députés UMP.
S'il a vanté lundi un budget qui "permette d'atteindre les objectifs" de baisse du déficit mais "ne casse pas les moteurs de la croissance (...) et ne provoque pas des injustices sociales", François Fillon a toutefois prévenu qu'il faudrait "des mesures nouvelles" d'austérité, si la croissance n'atteignait pas au moins 1,5% en 2012.
Le Premier ministre a ainsi prévenu que, malgré la volonté de certains élus UMP, comme Michel Piron, d'en abaisser le seuil, il n'était "pas possible" d'élargir davantage la taxe symbolique et exceptionnelle sur les hauts revenus, déjà objet d'un compromis la semaine dernière.
La gauche fustige une austérité "aveugle"
Le président PS de la commission des Finances, Jérôme Cahuzac, et le député socialiste Pierre-Alain Muet ont déjà brocardé un "budget en apesanteur", répondant à une logique "d'austérité massive et aveugle".
"Il y a des mesures à prendre, le gouvernement n'a pas pris les bonnes, il est encore temps qu'il puisse corriger, s'il ne le fait pas, nous le ferons", a lancé de son côté François Hollande, député de Corrèze et candidat du PS à la présidentielle.
L'ombre de Moody's
Alors que l'avertissement de l'agence d'évaluation financière Moody's sur la note accordée à la dette de la France fait planer une nouvelle menace depuis lundi, les députés socialistes ont tiré la sonnette d'alarme. "Les mesures du budget 2012 sont en total décalage avec une alerte qui me semble sérieuse", a prévenu Jérôme Cahuzac, ironisant sur le fait que la ministre du Budget Valérie Pécresse évoquait récemment un budget bâti "pour rassurer les marchés".
Le budget 2012 "sous le signe des réformes et des économies" permettra à la note de la France d'être "préservée" et verra les engagements de baisse du déficit tenus "quelles que soient les évolutions de la situation économique", a toutefois tenu une nouvelle fois à rassurer mardi la ministre du Budget.