Ils avaient juré qu’ils ne travailleraient plus ensemble. Et on les croyait volontiers, tant les ex-collègues du Nouveau centre, Hervé Morin et Jean-Christophe Lagarde, s’envoyaient d’invectives ces dernières semaines, par presse interposée. Et pourtant. Dans la future Assemblée, les deux élus, et leurs proches, siègeront dans "l'Union des démocrates et indépendants (UDI), le nouveau groupe des indépendants, centristes et radicaux présidé par Jean-Louis Borloo. L’ambiance s’annonce des plus froides, au moins dans les débuts.
Pour l’heure, l’UDI, sans les proches d’Hervé Morin, compte 17 membres : 12 élus du Parti radical de Jean-Louis Borloo, et cinq dissidents du Nouveau centre, parmi lesquels François Sauvadet et Jean-Christophe Lagarde. Le ralliement de l’ancien ministre de la Défense permet de faire gonfler ce chiffre jusqu’à 24. Outre Hervé Morin, Philippe Vigier et Charles de Courson en seront. Soit au total 12 membres du moribond Nouveau centre, pas franchement animés de sentiments sympathiques les uns pour les autres.
"Comportement de voyou"
Le schisme du Nouveau centre date de la volonté d’Hervé Morin de présenter sa candidature à l’élection présidentielle. Jean-Christophe Lagarde, pourtant numéro 2 du parti centriste, et François Sauvadet, alors ministre de la Fonction publique président du groupe à l’Assemblée, n’ont jamais caché leur hostilité pour une telle entreprise. Peu à peu, le désaccord s’est mué en hostilité réciproque. Et les noms d’oiseaux n’ont pas tardé à voler.
Le Congrès du Nouveau centre, fin février, fut l’occasion d’afficher au grand jour ces divisions. Sifflé, Hervé Morin avait accusé le lendemain sur LCI Jean-Christophe Lagarde d’avoir adopté un "comportement de voyou", en faisant venir des "jeunes qui n'ont absolument aucun lien avec le Nouveau centre" et dont la "seule mission" était de "hurler et de crier", "pour donner l'image de l'éclatement et de la division". "C'est faux et c'est particulièrement choquant de sa part", avait rétorqué Jean-Christophe Lagarde.
Le tweet assassin de Lagarde
Le paroxysme de ce désamour a eu lieu à la fin du mois de mai. Dans une interview au JDD.fr, Hervé Morin s’en prend à nouveau à l’"attitude lamentable" de Jean-Christophe Lagarde et de ses amis. "Ma vie n’est plus avec eux", disait-il dans une interview où il s’en prenait également à Rachida Dati, "la plus grande menteuse de la République". La première riposte de Jean-Christophe Lagarde est venue via Twitter, et elle était pour le moins violente. "Morin insulte Dati : décidément, ce type n'est plus mu que par ses aigreurs et la jalousie. Sa méchanceté est gratuite mais sa nullité coûteuse!", écrivait le député-maire de Drancy.
Morin insulte Dati:décidément,ce type n'est plus mu que par ses aigreurs et la jalousie.Sa méchanceté est gratuite mais sa nullité coûteuse!— LAGARDE Jean-Christo (@jclagarde) June 1, 2012
La seconde salve, Jean-Christophe Lagarde l’a livrée lors d’une interview au Lab. "Hervé Morin est dans une dérive personnelle assez lamentable", assénait le député de Seine-Saint-Denis. "Ce monsieur ne sait plus faire parler de lui autrement qu'en disant du mal des autres. Il est dans une dérive totalement personnelle pour essayer d'exister après sa glorieuse aventure présidentielle qui a ridiculisé les centristes et humilié notre famille par le brio de la campagne", a-t-il encore attaqué, concluant : "Ce qu'il dit ne m'intéresse plus".
Morin calme le jeu
Pour vivre au sein du même groupe parlementaire, il faudra pourtant s’entendre un minimum. Hervé Morin a d’ailleurs tenté de calmer le jeu après avoir annoncé son intégration dans le groupe de Jean-Louis Borloo. "Ce qui m'intéresse aujourd'hui, c'est que nous puissions faire passer l'intérêt de notre famille politique avant les querelles de personnes", a-t-il assuré dans une interview au Point.fr.
Ce sera difficile. Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin donnent l'impression d'avoir atteint un point de non-retour dans leur relation. Jean-Louis Borloo aura donc fort à faire pour tenir tout ce joli monde.