Conseil de la zone euro, généralisation de la règle d’or, taxation des transactions financières, etc : le couple franco-allemand a mis sur la table mardi une série de mesures pour renforcer la zone euro et la sortir de la crise de la dette. Cette série d’annonces n’a pourtant pas fait bouger les lignes : la droite applaudit tandis que l’opposition se montre très critique.
"Cette réunion est très décevante alors qu'il existe des solutions sur la table. On attend toujours les architectes d'un nouveau modèle qui permette effectivement à l'Europe de repartir sur de bons rails", a regretté Martine Aubry, ex-Première secrétaire du PS et candidate à la primaire.
La gauche regrette "un nouveau sommet d'impuissance"
"Face à la crise historique que traverse la zone euro, la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel marque un nouveau sommet d'impuissance. Incapables de proposer une réponse commune ambitieuse contre la spéculation et la récession, les conservateurs français et allemands ne savent coordonner que l'austérité qu'ils imposent aux peuples d'Europe", a renchéri le PS dans un communiqué.
Sur Europe 1 mercredi matin le premier secrétaire par intérim du PS, Harlem Désir a enfoncé le clou : "le soi-disant pacte de compétitivité qui a été annoncé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, c'est en réalité un pacte de renforcement de l'austérité en Europe". Pour lui, ce pacte "c'est l'absence de fonds nouveaux pour la relance de l'activité économique de la croissance en Europe, c'est la soi-disant règle d'or en France qui n'est en rien une réponse à l'irresponsabilité de la politique fiscale en Europe. La conjugaison de l'austérité à la sauce des conservateurs allemands et de l'irresponsabilité fiscale à la Nicolas Sarkozy, ça ne fait pas une politique de relance européenne", a-t-il fustigé.
Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle, s’est montré encore plus critique. "Consternant ! Le sommet Merkel-Sarkozy prétendait combattre la crise, il va l'aggraver. Au lieu de mesures concrètes pour protéger les peuples de l'assaut des marchés, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel persistent, sans imagination, à se soumettre aux exigences de la finance", a-t-il pesté.
L’UMP salue une "décision courageuse et historique"
"Cette décision courageuse et historique doit permettre de mieux coordonner nos politiques économiques", a déclaré de son côté Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP. "Au moment où le PS s'autorise à donner des leçons de gouvernance budgétaire, Nicolas Sarkozy fait preuve de courage et de responsabilité en avançant avec notre partenaire allemand des solutions concrètes à une crise qui touche l'ensemble de l'Europe", a-t-il ajouté.
De son côté, le président du parti radical Jean-Louis Borloo "salue la décision commune franco-allemande de mettre en place dans les meilleurs délais une taxe sur les transactions financières qu'il défend avec force". "C'est le premier étage de la fusée anti-crise et anti-spéculation, mais il faut dès maintenant mettre en place des mesures complémentaires", a-t-il poursuivi.
Le Pen s’inquiète, Parisot applaudit
Pour Marine Le Pen, présidente du Front national, "ce sommet n'a qu'un seul but: déterminer comment la France et l'Allemagne se partagent le fardeau de la crise de l'euro. Décider combien de nouvelles dizaines de milliards d'euros la France et l'Allemagne verseront pour tenter de renflouer les pays victimes de l'euro". "En panne sèche de croissance, la France et l'Allemagne préparent ainsi leur propre surendettement, c'est irresponsable."
Laurence Parisot, présidente du Medef, est d’un tout autre avis. "Le projet d'une véritable gouvernance de la zone euro annoncée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel est une vraie nouvelle étape de la construction européenne. C'est bien de plus d'Europe dont nous avons besoin".