400 euros l'entartage... Le jeune "entarteur" de Jean-Pierre Raffarin a été condamné mercredi à une amende pour son geste à l'endroit de l'ancien Premier ministre. La "violence avec préméditation" a été retenue contre lui. Le parquet, lui, avait requis une peine de deux mois de prison avec sursis.
Lors de l'audience mercredi après-midi, Romain, étudiant en anthropologie de 24 ans, a expliqué ne pas avoir eu "l'intention de faire mal ou d'humilier" Jean-Pierre Raffarin, en lançant sur lui le 24 février dernier une assiette en carton remplie de crème chantilly.
"Un acte humoristique"
"C'était un acte humoristique, non violent et artistique, (...) un acte symbolique de désacralisation du pouvoir", a-t-il déclaré à la barre, assurant qu'il ne recommencerait "pas pour l'instant" au vu des poursuites.
Le procureur a pour sa part trouvé "l'acte politique assez navrant", "l'acte humoristique pathétique" et affirmé ne pas saisir sa portée artistique, requérant cette "peine d'avertissement" avec du sursis pour ces "violences morales".
Il a aussi demandé la requalification du chef de poursuite initial, "violences avec arme", qui était vivement contesté par l'avocat de l'"entarteur", en "violences volontaires sans incapacité avec préméditation", ce qui a été retenu par le juge. Jean-Pierre Raffarin n'avait pas été blessé et n'avait pas porté plainte.
"Réquisitions absolument disproportionnées"
Pour la défense du prévenu, Me Sylvain Cormier s'est élevé contre "ces réquisitions absolument disproportionnées", relevant selon lui d'un "droit pénal VIP" pour cette personnalité et d'un "zèle absolument déplacé". Il a aussi contesté toute violence, "qualification traumatisante pour quelqu'un de pacifiste". En cas de condamnation, "vous allez transformer la vie civile en paranoïa complète", a-t-il prévenu, en plaidant la relaxe.
Après le jugement, l'avocat a estimé devant la presse qu'"une condamnation pénale, même à une amende, (lui) paraît trop sévère", tandis que Romain s'est dit "plutôt content". Parquet et prévenu ont dix jours pour faire appel. Le "serial entarteur" belge Noël Godin, dont le Lyonnais se dit un disciple, avait été condamné en 2003 à Paris à 800 euros d'amende et un euro de dommages et intérêts pour avoir jeté une tarte à la crème sur l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, qui avait subi une douleur à l'oeil durant trois semaines.