LA PHRASE - Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg était l’invité de BFM TV dimanche soir. Alors qu’il essaie de sauver l’industrie, le défenseur du "made in France" pense avoir trouvé la raison des problèmes économiques de la France. Selon lui, l’euro trop cher serait responsable de tous les maux. Il empêcherait les entreprises françaises de se battre à égalité avec le reste du monde. Un euro fort rendrait en effet les produits français chers. Mais Arnaud Montebourg pense avoir trouvé une parade.
Il affirme que "si l’euro diminuait de 10%, ça permettrait d’accroitre notre PIB – notre richesse nationale – d’1,2 point, de créer 150.000 emplois et de réduire le déficit de 12 milliards".
>> Dans sa chronique, Laurent Guimier revient sur cette déclaration :
Un scénario optimiste. Aujourd’hui, un euro vaut 1,35 dollar. Une baisse de l’euro de 10% ferait reculer la monnaie unique à 1,20 dollar. Mécaniquement, les produits fabriqués en France coûteraient ainsi moins cher. Par exemple, une Peugeot vendue aujourd’hui 10.000 euros à Buenos Aires, soit 13.500 dollars, coûterait 1.500 dollars de moins. D’après Arnaud Montebourg, cette dépréciation de l’euro permettrait de relancer les exportations entraînant de fait un regain de croissance et des créations d'emplois.
Peu d’entreprises concernées. Si la démonstration est mathématique, l’ampleur du résultat est surévaluée. L’Insee a fait la simulation en 2010 : si l’euro baissait de 10%, la croissance gagnerait en tout et pour tout un demi point la première année. On est donc bien loin de 1,2 point annoncé par Arnaud Montebourg. Avec un demi point de croissance, ce seraient quelques dizaines de milliers d’emplois qui pourraient être créés à court terme, et non 150.000. En plus, les entreprises françaises sont de moins en moins capables de profiter de cette baisse de l’euro. En 10 ans, l’industrie française a largement reculé dans le domaine de l’exportation. Concrètement, si la valeur de l'euro était revue à la baisse, seules les entreprises qui exportent encore pourraient en profiter. Or, elles ne sont qu’une sur vingt dans l’Hexagone.
ALORS VRAI OU FAUX ? Une baisse de l'euro devrait durer au moins trois ans pour avoir des résultats tangibles. Une précision qu'Arnaud Montebourg oublie de donner.