Le député socialiste Jean-Louis Bianco a demandé lundi au président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, d'inscrire à son ordre du jour une proposition de loi votée par le Sénat visant à moraliser les sondages. Une demande faite à la suite de la publication d'un sondage-choc dimanche par Le Parisien-Aujourd'hui en France, plaçant Marine Le Pen en tête du premier tour en 2012. Un deuxième sondage publié lundi soir, confirme la tendance.
"Nous demandons solennellement l'inscription de cette proposition de loi à l'ordre du jour prioritaire de l'Assemblée nationale. Si le gouvernement persiste dans son refus, nous l'inscrirons nous-mêmes dans le cadre de nos niches (séances réservées à un groupe, ndlr) parlementaires" au cours des prochains mois, a-t-on expliqué au groupe PS.
Ségolène Royal soutient la demande faite par Jean-Louis Bianco. "Ça va dans la bonne direction", estime la socialiste, sur Europe 1. "J’ai bien connu l’époque des manipulations sondagières, des questions instrumentalisés", poursuit-elle. "Tout cela pour essayer de manipuler l’opinion".
"Il est temps de moraliser ce secteur où il y a beaucoup d’enjeux financiers"
Des doutes sur les méthodes
Selon l’enquête de l'institut Louis Harris, la présidente du Front national arriverait en effet en première position avec 24% des voix face à Dominique Strauss-Kahn, pourtant grand favori à gauche, qui serait alors crédité de 23% des suffrages, devant Nicolas Sarkozy, avec 21%. On assisterait alors à un "21 avril à l'envers".
Dans le cas où François Hollande serait le candidat de la gauche, Marine Le Pen obtiendrait aussi 24% des voix. Derrière, Nicolas Sarkozy totaliserait 21% des votes, devant François Hollande à 20%. Ces nouvelles données viennent donc s'ajouter au sondage paru dimanche, et qui créditait Marine Le Pen de 23% des voix, devant Nicolas Sarkozy et Martine Aubry, à égalité avec 21% des votes.
Rendre plus transparents les sondages politiques
Ces chiffres ont fait d'autant plus de bruit que de nombreux sondeurs concurrents et des hommes politiques ont émis des doutes sur la méthodologie de cette enquête. Ils ont fait remarquer que le sondage avait été réalisé par internet et que l'enquête retenait deux hypothèses incertaines, la candidature au PS de Martine Aubry, qui semble avoir un potentiel de voix inférieur à celui de Dominique Strauss-Kahn, et la présence à droite de Dominique de Villepin.
Le Sénat a adopté à l'unanimité le 14 février, contre l'avis du gouvernement, une proposition de loi d'Hugues Portelli (UMP) et Jean-Pierre Sueur (PS) qui comporte une série de mesures pour rendre plus transparents les sondages politiques. Mais le Premier ministre avait immédiatement fait savoir que le gouvernement n'avait pas l'intention d'inscrire ce texte à l'ordre du jour de l'Assemblée, jugeant plusieurs dispositions de cette proposition de loi contraires à la Constitution.
"Ce sondage laisse perplexe"
Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Patrick Ollier, a réaffirmé la semaine dernière que cette inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée n'était "pas prioritaire". Les auteurs de la proposition de loi s'étonnent de ce refus."Il n'y a pas d'atteinte à la liberté de la presse puisque nous n'interdisons aucune publication des sondages", avait répondu le sénateur Jean-Pierre Sueur. "Ce que nous voulons c'est la transparence maximale dans le financement, la réalisation et l'information des sondages." Pour Jean-Louis Bianco, "ce sondage laisse perplexe".