"Mes chers compatriotes,
Ce soir, je m'adresse à vous parce que c'est un moment important de notre vie nationale. A l'occasion des dernières élections municipales, en votant ou en vous abstenant, vous avez exprimé votre mécontentement et votre déception. J'ai entendu votre message, parce qu'il est clair.
Pas assez de changements, encore donc trop de lenteur. Pas assez d'emplois, encore donc trop de chômage. Pas assez de justice sociale, encore trop d'impôts. Pas assez d'efficacité dans l'action publique et donc encore trop d'interrogations sur la capacité de notre pays à s'en sortir, alors qu'il a tant d'atouts.
Je n'oublie pas ici les Français qui se sentent relégués, abandonnés. Ce message, il m'est adressé personnellement. Je dois y répondre. Avec sincérité. Avec la conviction intime que je me suis forgée depuis 22 mois, comme Président de la République. Je vous le confirme ici, parce que c'est l'essence même de ma tâche : le redressement du pays est indispensable. Redressement de notre appareil productif, de nos comptes publics et de notre influence en Europe et dans le monde. Ce redressement, je l'ai décidé dès mon arrivée à la tête de l'Etat, et sans cet effort national, la France aurait continué à décrocher comme elle le faisait depuis dix ans.
Le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s'est consacré avec courage et abnégation à cette tâche difficile. Il a réussi à rétablir la situation très dégradée dont nous avions hérité. Et Jean-Marc Ayrault a engagé des réformes qui feront honneur à celles et ceux qui les ont proposées et votées. Et Je veux lui exprimer ma reconnaissance. Il est temps néanmoins d'ouvrir aujourd'hui une nouvelle étape. Et j'ai donc confié à Manuel Valls la mission de conduire le gouvernement de la France. Il en a les qualités.
Ce sera une équipe resserrée, cohérente et soudée. Comment dire ? Un gouvernement de combat. Je lui assigne trois objectifs. D'abord, redonner de la force à notre économie. C'est indispensable ! Ce sont les entreprises qui créent les emplois et donc nous devons tout faire pour qu'elles y parviennent. Car la première des injustices, c'est le chômage. Et c'est pourquoi j'ai proposé le pacte de responsabilité, il est prêt. Moins de charges sur les entreprises, et en particulier sur les bas salaires et en contrepartie, plus d'embauches et plus d'investissement.
Le pacte de responsabilité, c'est un acte de confiance pour tous les acteurs économiques, je pense notamment aux PME, mais aussi pour les partenaires sociaux, qui s'y sont engagés. Voilà l'enjeu. Il est décisif pour l'avenir de notre pays. Produire plus, produire mieux, produire en France. Et aussi produire différemment, aussi. C'est l'exigence de la transition énergétique qui sera maintenant préparée pour que très vite la France puisse s'engager pour qu'elle soit moins dépendante du pétrole comme du tout nucléaire et qu'elle puisse prendre de l'avance sur les industries vertes.
La seconde mission que je lui assigne, au gouvernement de Manuel Valls, c'est la justice sociale. Au Pacte de responsabilité doit correspondre un pacte de solidarité. Son premier pilier, c'est l'éducation, et la formation de la jeunesse ; son second, c'est la sécurité sociale avec la priorité donnée à la santé ; et enfin, le troisième, c'est le pouvoir d'achat avec une diminution des impôts des Français d'ici 2017 et une baisse rapide des cotisations payées par les salariés. Dans le même mouvement où nous baissons charge des entreprise, il est légitime de baisser aussi les cotisations des salariés, ceux qui travaillent.
Pour y parvenir, le gouvernement aura à mettre en oeuvre le programme d'économies budgétaires. Je l'ai annoncé. Il ne s'agit pas de faire des économies pour faire des économies, c'est à la portée du premier gouvernement venu. Non, je ne veux surtout pas fragiliser la croissance qui repart. Il s'agit de transformer notre Etat, de réformer l'organisation de nos territoires et de préserver le modèle social. Bref, d'être plus juste et plus efficace. Le gouvernement aura aussi à convaincre l'Europe que cette contribution de la France à la compétitivité, à la croissance doit être prise en compte dans le respect de nos engagements.
Car ma conviction est faite, renforcer l'économie française, c'est la meilleure façon de réorienter l'Europe. Mes chers compatriotes, je veux terminer par un message d'apaisement et de rassemblement. La France souffre de ses divisions. Elle connaît une crise civique, et même morale. Elle subit une contestation de ses institutions y compris récemment de sa Justice. Elle perd son énergie trop souvent dans de vaines querelles. Elle cultive une angoisse que les extrêmes utilisent pour attiser les haines et les rejets.
La République, c'est notre bien commun. Je ne laisserai aucune de ses valeurs être abîmée, attaquée ou froissée, où que ce soit sur le territoire national. Aucune forme d'exclusion, de stigmatisation, pas plus que de communautarisme d'ailleurs, ne sera tolérée. Le dialogue et le respect sont plus que jamais la meilleure méthode pour réunir les Français et leurs représentants, et notamment les maires qui viennent d'être élus. Je pense aussi à tous ces candidats qui avaient vaillamment changé leur ville et qui n'ont pas toujours eu la récompense de leur mérite.
Mais cette méthode du dialogue, c'est la mienne. Je suis et resterai fidèle à mes engagements que j'ai pris devant avant l'élection présidentielle. Je n'oublie pas qui m'a fait confiance, qui m'a élu, ni pourquoi je suis dans cette responsabilité. Les choix que j'ai fait depuis deux ans a été difficile tant la situation qui m'avait été laissée était grave. Je le savais et je ne m'en plains pas. J'en assume la totale responsabilité. Mon devoir, c'est d'inscrire mon action dans le long chemin d'un grand pays comme le nôtre. C'est de faire preuve d'audace dans les choix et de constance dans le cap et je n'en dévierai pas même si je suis prêt et c'est légitime, après le scrutin que nous avons connu dimanche, à faire les inflexions nécessaires.
Car je n'ai qu'un seul objectif, la réussite de la France et des Français. C'est ma mission, celle que vous m'avez confiée, et je l'assumerai sans faille, avec le nouveau gouvernement.
Vive la République !
"Vive la France !"
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