Taper du poing sur la table, Manuel Valls sait faire. Alors au lendemain de l’énième sortie polémique d’Henri Guaino, le ministre de l’Intérieur a tenu à recadrer l’élu des Yvelines au micro d’Europe 1. Ainsi que tous les opposants au mariage homosexuel, rappelant la légitimité du gouvernement sur cet engagement de campagne de François Hollande.
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"Une faute lourde". "J'accuse le gouvernement de ridiculiser la police en donnant des chiffres pareils", avait lancé dimanche l’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy au sujet du chiffre de 45.000 manifestants avancé par la police (contre le chiffre de 270.000 annoncé par les manifestants). Trop c’est trop pour le "premier flic" de France. Quand on conteste la légitimité des urnes, comme le fait Guaino, on se comporte comme un factieux. C’est une faute lourde", a-t-il lâché à l'intention du député UMP des Yvelines. Et Manuel Valls, commettant au passage un lapsus, d’assurer que la promesse de l’opposition de revenir sur cette réforme n’est qu’une posture politicienne : "Quand la droite reviendra au pouvoir, j'espère le plus longtemps possible [sic], à ce moment-là, il n'y aura pas de remise en cause de la loi sur le mariage".
"L'Assemblée Nationale votera ce texte." Après s’être félicité de la bonne tenue de la manifestation qui s’est tenue dimanche dans les rues de Paris - "c'est une victoire de l'ordre républicain face aux forces les plus sombres de la démocratie" -, Manuel Valls s’est adressé aux opposants au texte pour leur rappeler que si "l'Etat de droit offre la possibilité à ceux qui s'opposent à un texte de loi de manifester", leur activisme est peine perdue car "on ne peut pas empêcher le Parlement de travailler, d'agir, de voter la loi. Demain (mardi, ndlr), comme ça a été le cas à l'Assemblée et au Sénat pour le premier article de la loi qui fonde le mariage pour tous et l'adoption, demain, en toute légitimité, c'était un engagement de François Hollande, demain, l'Assemblée Nationale votera ce texte."
"Combattre les groupuscules". La radicalisation du mouvement d’opposition au mariage homosexuel à mis en lumière le retour au premier plan de groupuscules violents, ce que reconnaît le ministre de l’Intérieur. "Il y a des groupes d’extrême droite au sein de ces manifestations qui se réclament de cette idéologie (vichyste, ndlr). Demain soir (lundi, ndlr), quand il y aura le vote à l'Assemblée Nationale, ils seront là, encore présents", a admis Manuel Valls.
Est-ce la résurrection de groupuscule dormant et, surtout, envisage-t-il de les dissoudre ? "Il s'agit d'abord de les combattre, parce qu'il y a des forces anti-républicaines. Elles existent, ont toujours existé, elles se tapissent en attendant leur heure, elles se libèrent quand des élus de la République manquent à leur pouvoir et tiennent des propos violents et rétrogrades. Chacun a une grande responsabilité. Le droit de manifester est un droit démocratique mais ce n'est pas la rue, et on ne peut pas appeler à la rue, pour contester la légitimité d'une politique."