Manuel Valls a hérissé la gauche en affichant clairement, il y a deux semaines, sa volonté d’un rapprochement avec le centre. Le Premier ministre regrettait une nouvelle fois que le PS n'ait pas tendu la main à François Bayrou en 2012, alors que le patron du MoDem avait déclaré qu'il voterait Hollande au second tour. Après les paroles, voici les actes, ou en tout cas les images. Le Premier ministre sera en effet aux côtés de François Bayrou, maire de Pau, à l'occasion d'un déplacement dans sa ville, jeudi.
Entretien privé et discours. Il est prévu que la rencontre soit soigneusement mise en scène. Les deux hommes auraient pu se contenter du service minimum. Mais le programme prévoit un entretien privé à la mairie, suivi d’un discours de François Bayrou puis de Manuel Valls. Et tout cela, le jour de l’émission de mi-mandat de François Hollande, le soir même sur TF1…
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Une "image forte". A Matignon, on invoque le hasard du calendrier, en expliquant que Manuel Valls se rend avant tout à Pau pour le congrès de l’Assemblée des départements de France. C'est une tout autre tonalité que l'on entend dans l’entourage de François Bayrou, où l'on insiste sur la rencontre avec le locataire de Matignon. "L’image parlera d’elle-même, elle est suffisamment forte. Il n’y a pas besoin de légende", glisse un proche du maire de Pau.
De bonnes nouvelles pour Bayrou. Il est vrai que ces temps-ci, on a retrouvé le sourire au MoDem. L'interview de l'avocat Jean-Pierre Mignard, ami de François Hollande, qui a appelé lundi dans Le Figaro à une coalition droite-gauche, a été lue et relue dans le camp Bayrou. A cela s'ajoute la rumeur qui prête à François Hollande la volonté de pousser ses pions, jeudi à la télévision, vers l'instauration d'une part de proportionnelle aux législatives, un thème cher à François Bayrou. Suffisant pour que le président du MoDem voie s'approcher son rêve d’une recomposition du paysage politique.
François Bayrou a aussi remarqué un récent sondage Ifop-Fiducial pour i-Télé et Sud Radio, qui le donne à 13%, soit un petit point derrière François Hollande, au premier tour de la présidentielle si celle-ci avait lieu dimanche prochain. Il a surtout constaté que le chef de l'Etat était battu dans tous les cas de figure. De quoi le persuader que le président est aujourd'hui condamné à renverser la table s'il veut sauver sa peau.
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