Valls et "l'ambiguïté" des élus corses

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Le ministre regrette que les élus locaux rechignent à condamner fermement la violence.

La restauration de l'Etat de droit en Corse passera par la fin de l'omerta mais aussi par une prise de responsabilité des élus locaux : tel est le message qu'a envoyé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, invité dimanche du Grand Rendez-vous Europe 1- i>Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France. "J’attends la condamnation de la violence politique en Corse parce qu’elle est directement liée à la violence qui gangrène la Corse", a-t-il martelé.

"On ne peut pas accepter dans un Etat de droit, dans une démocratie, en Corse ou ailleurs, que l’on agisse avec des bombes pour une expression politique. C’est inacceptable", a-t-il estimé au lendemain d'un énième meurtre et d'une nouvelle vague d'explosions visant des résidences secondaires.

"Il y a trop d’ambiguïté"

"On peut condamner, et je crois qu’il n’y a pas de problème là-dessus, les crimes liés au grand banditisme, à la criminalité organisée, au système mafieux. Mais je n’entends pas suffisamment de voix parmi les responsables politiques, parfois en Corse,  pour condamner ce qui s’est passé hier : plastiquer une vingtaine de villas dont la plupart des propriétaires sont des continentaux, comme on les appelle là-bas, c’est-à-dire des Français", a regretté Manuel Valls. Le ministre ne tire la "la conviction qu’entre le grand banditisme et ceux qui plastiquent, il y a des liens : ceux qui veulent s’appliquer pour eux et pour eux seuls, la Corse".

Et le ministre de poursuivre par un exemple précis, le député européen vert Nicolas Alfonsi, qui a affirmé que "le banditisme d’un côté et la politique, cela n’a rien à voir".

"Cela veut bien dire qu’il y a trop d’ambiguïté", a dénoncé Manuel Valls :

Le ministre de l'Intérieur ne met cependant pas tous les élus corses dans le même panier : "je discute et j’ai discuté avec les parlementaires de la Corse et j’ai rencontré tous les présidents de groupe de l’assemblée territoriale. Parmi eux, il y a des autonomistes. Tous ceux qui discutent à visage découvert, qui respectent les lois de la République, qui ont le sens de l’intérêt général, trouveront ma porte ouverte".

Un dispositif pour les repentis en préparation

Si les forces de l'ordre peinent à élucider les meurtres et les attentats, c'est avant tout parce que l'omerta est un sérieux frein à la récolte de renseignements et de témoignage. Le gouvernement planche donc sur un dispositif inspiré des méthodes italiennes, où la justice offre aux repentis la sécurité et une certaine clémence en l'échange de leur témoignage.
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"Nous sommes en train de travailler avec Christiane Taubira sur ce type de système. Quand on s’attaque à un système mafieux, l’emprise par le crime organisé d’une partie de l’économie et une mainmise sur la société. On agit ainsi par la peur et on empêche les citoyens honnêtes d’agir et de parler. Cela vaut pour la Corse comme pour l’ensemble de nos concitoyens", a annoncé Manuel Valls.

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