L’INFO. Marine Le Pen et l'extrême droite sont "aux portes du pouvoir" en France. La sentence est signée Manuel Valls. Pour quelles raisons le Premier ministre a-t-il agité le chiffon rouge du FN, dimanche, à Bologne (Italie) ? Pour remobiliser l’électorat de gauche ? C’est une option, mais ce n’est pas celle privilégiée par certains députés de la majorité, qui ont davantage le sentiment d’être pris en otage.
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Le Premier ministre, qui a perdu de 15 à 20 points dans les sondages pendant l’été, se démène. Tous les jours, il prend la parole pour montrer qu’il tient la maison alors que tout s’effondre autour de lui. Et il a trouvé l’ultime argument pour resserrer les rangs de sa majorité : "soit vous votez la confiance à l’Assemblée nationale la semaine prochaine, soit vous donnez les clés du pays à Marine Le Pen". Une stratégie qui plait très modérément à ceux qui hésitent encore sur la conduite à tenir.
"Un chantage insupportable". C’est le cas du député des Français de l’étranger, Pouria Amirshahi, qui s’est exprimé lundi au micro d’Europe 1 : "c’est un chantage insupportable. Ceux qui sont aujourd’hui critiqués par les Français et par les électeurs de gauche, ce ne sont certainement pas ceux qui, comme moi et d’autres, veulent mettre la finance au service de l’économie. C’est plutôt ceux qui font allégeance au Medef, s’en prennent aux plus faibles, que sont notamment les chômeurs", a-t-il taclé, dans une allusion directe au discours de Manuel Valls devant les patrons et aux propos de François Rebsamen sur la nécessité de mieux contrôler les demandeurs d’emplois. Également contacté par Europe 1, le député de l’Essonne Jérôme Guedj, s’il se dit d’accord sur le fond avec son collègue frondeur, "ne souhaite pas en remettre une couche."
"Je voterai contre la déclaration de politique générale." Noël Mamère ne prend pas de telles précautions. Le député écologiste de Gironde n’a pas digéré la sortie du Premier ministre. "Les écologistes ne peuvent pas accepter cette rhétorique du ‘moi ou le chaos’ que propose Manuel Valls. Nous savions que ce gouvernement en difficulté s’apprêtait à nous expliquer, à la manière de madame Thatcher, qu’il n’y a pas d’autres alternatives à la politique qu’il a choisi. La réponse que nous devons apporter à monsieur Valls, c’est que la confiance ne se décrète pas et qu’elle ne peut pas s’obtenir sur oukaze", a-t-il lâché à Europe 1, lundi. Sa décision est donc prise : "je voterai contre la déclaration de politique générale."
Une quarantaine d’abstentions au PS ? Il ne sera pas seul, même si chez les frondeurs du PS, on hésite encore entre abstention et vote contre. Ils se réuniront d’ailleurs mardi et, alors qu’ils étaient 11 à avoir boudé le précédent vote de confiance d’avril dernier, "on devrait être au moins une quarantaine à ne pas voter la confiance au Premier ministre", assure à Europe 1 Laurent Baumel, élu d’Indre-et-Loire.