Pour le ministre de l'Intérieur, c'est une caricature. Manuel Valls, a dénoncé dimanche, sur France 2, la manifestation anti-américaine tenue la veille près de l'ambassade des Etats-Unis à Paris, qui a donné lieu à l'interpellation de 150 personnes protestant contre une vidéo islamophobe.
Une enquête ouverte
"Cette manifestation est inacceptable" et ses participants "caricaturent l'islam tel qu'il est pratiqué dans notre pays", a déclaré Manuel Valls, qui a prévenu qu'il ne tolérerait pas les "prières de rue" et la présence de "femmes voilées entièrement" dans la rue.
Entre 200 et 250 personnes, dont 150 ont été interpellées, ont pris part samedi après-midi à une manifestation illégale place de la Concorde pour protester contre la vidéo Innocence of muslims qui a embrasé le monde musulman. Le parquet de Paris a ordonné, dimanche après-midi, l'ouverture d'une enquête sur cette manifestation.
"Il n'y avait pas que des jeunes"
Selon lui, parmi les manifestants de la Concorde, "il n'y avait pas que des jeunes", mais aussi "des petits groupes agissant que nous connaissons dans nos quartiers, qui prônent un islamisme radical". "N'oublions pas au mois de mars ce qui s'est passé à Toulouse", avec les tueries de Mohamed Merah commises au nom d'Al Qaïda. "A travers Internet, à travers des déplacements dans des pays comme l'Afghanistan ou le Pakistan, il y a des jeunes dans nos propres quartiers qui peuvent être touchés par cette idéologie de la haine". "La menace est là", a-t-il mis en garde.
"Je ne permettrai pas que des femmes voilées entièrement, que des prières de rue, que des slogans hostiles à des pays alliés, à nos valeurs, puissent se faire entendre dans nos rues. Je serai extrêmement ferme", a prévenu Manuel Valls. "Ces quelques personnes, qu'il ne faut pas confondre avec l'immense majorité de nos concitoyens, caricaturent l'islam tel qu'il est pratiqué dans notre pays."
Tout appel à la haine doit être combattu
"C'est tout à fait intolérable. J'ai donné des instructions pour que cela ne se reproduise pas", a-t-il dit, sans plus de détail. "Ces manifestations, elles sont interdites. Toute hostilité, tout appel à la haine doit être combattu avec la plus grande fermeté". "Notre société a besoin d'apaisement. Regardons ce qui se passe dans le monde. A partir de ce film insignifiant, insupportable, caricatural, vulgaire, on en vient à tuer des gens, assassiner l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye qui avait fait beaucoup pour la libération de ce pays", a-t-il dit.
"Nous ne pouvons tolérer (...) que dans notre société même il y en ait qui profitent de ce type d'événements pour s'en prendre à la concorde nationale, au vivre-ensemble de nos sociétés", a dit le ministre, déterminé à "utiliser toutes les armes que la loi nous donne pour combattre ce discours de haine".