Qu'est-ce qui cloche ? Fronde sociale un peu partout en France, chiffres du chômage toujours inquiétants et sondages en berne... C'est le sauve-qui-peut à tous les étages pour l’exécutif, raconte à Europe1 un député socialiste pourtant expérimenté et habitué des tempêtes politiques. Selon nos informations, cette panique s'incarne dans des saynètes qui se jouent ces jours-ci au plus près du pouvoir. A Matignon, c'est le Premier ministre, qui depuis quelques semaines, consulte les parlementaires par fournées : deux rendez-vous hebdomadaires, un déjeuner et un apéritif dînatoire. "Dites-moi ce qui ne marche pas, ce qui n'est pas compris", interroge Jean-Marc Ayrault qui écoute, prend des notes...
Valls, responsable de tous les maux ? A l'Elysée aussi, le président de la République reçoit les élus le mardi par douzaines. "Il cherche des solutions", confie un député à Europe 1, "et nous on a l'impression que le président ne sait pas où il va". Mais il y a plus éloquent encore sur cette impression que plus rien ne tient. Mardi soir à Matignon, au milieu de 30 parlementaires, Jean-Marc Ayrault s'énerve : "si on n'avait pas été pollué par les Roms, il aurait été plus simple d'expliquer notre politique économique". Devant les élus médusés, le Premier ministre vient d'étriller littéralement son ministre de l'Intérieur Manuel Valls, qui, selon un récent sondage, arrive en tête des personnalités de gauche pour lui succéder à Matignon, avec 30% des sondés souhaitant sa nomination.
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La courbe du chômage ne s'inversera probablement pas. Autre lieu, autre scène : lundi à Saint-Etienne. Quatre ministres sont en déplacement. Parmi eux, Arnaud Montebourg. Le ministre du Redressement productif a le blues, et pour cause. Il confie à un élu local : "je crois qu'on ne va pas réussir l'inversion de la courbe du chômage, j'ai une avalanche de plans sociaux qui arrive". L'élu blêmit : cette inversion, c'était la seule bonne nouvelle en vue sur laquelle François Hollande jouait ce qui lui reste encore de crédibilité.
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Reprendre de la hauteur. Mais un autre député s'inquiète surtout de l'image déplorable qu'ont les institutions financières internationales et les Français du président de la République, moins de deux ans après son entrée à l'Elysée. "Le doute qui s’exprime sur les marchés, ce
n’est plus sur notre cap, mais sur la personnalité d’Hollande, sur sa personne", confie-t-il. Et d'ajouter : "les gens nous disent 'il n’est pas à la hauteur'". Un autre élu confirme : "il a galvaudé sa parole sur Leonarda, il faut qu’il reprenne la parole fortement auprès des Français, qu’il
prenne de la hauteur". François Hollande en aura peut-être l'occasion le 11 novembre lors des commémorations de la Première Guerre mondiale.
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