Après s’être écharpés à la tête de l’UMP, s’être déchirés au cours de l’affaire Clearstream, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin ont trouvé un nouveau terrain de non-entente avec l’affaire Karachi. Depuis plusieurs jours, les deux hommes se livrent à des attaques par médias interposés, attaques qui en disent long sur la ténacité de leur rancœur mutuelle.
En affirmant vendredi soir être convaincu de l’existence de rétro-commissions dans la vente de sous-marins au Pakistan en 1994, qui auraient pu servir à la campagne de d’Eduard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était alors porte-parole, l’ancien Premier ministre a lancé la charge. L’arrêt des commissions, et donc des rétro-commissions, décidé en 1995 par Jacques Chirac, tout neuf président de la République, pourrait être directement à l’origine de l’attentat de Karachi.
Villepin mène aux points
La réplique de l'Elysée a été immédiate. Son secrétaire général, Claude Guéant, a dénoncé "la démarche entreprise par ceux qui n'ont d'autre préoccupation que d'impliquer le chef de l'Etat, par une succession d'insinuations". Samedi à Lisbonne, Nicolas Sarkozy a lui-même contre-attaqué en dénonçant "des commentaires politiciens qui ne sont vraiment pas à la hauteur de la douleur des familles qui ont perdu leurs proches" dans ce drame (15 morts, dont 11 Français).
Pour l’heure, Dominique de Villepin mène aux points. Car les familles des victimes ont décidé samedi de "surseoir" à la plainte pour mise en danger d'autrui contre l'ancien Premier ministre, au vu des déclarations de ce dernier. Dominique de Villepin, qui a dit vouloir témoigner, a déclaré qu'il ne disposait d'"aucune information spécifique circonstanciée" sur un risque terroriste en cas d'arrêt de versement des commissions sur les ventes d'armes au Pakistan.
Clearstream et 2010 dans le viseur
Depuis Lisbonne, Nicolas Sarkozy a indiqué de son côté qu’il produirait des documents en temps et en heure sur cette affaire. Mais les familles ont cette fois mal réagi. "Les familles des victimes sont tout à fait outrées par la réaction du chef de l'Etat qui, d'une part, reconnaît implicitement que des documents n'ont pas été transmis à la justice, et d'autre part, se comporte comme un prince dans son château qui déciderait selon son bon vouloir de l'avancée d'une enquête", a lancé Maître Morice, leur avocat.
Outre cette affaire Karachi, les deux hommes auront à nouveau l’occasion d’en découdre lors du procès en appel du dossier Clearstream, en mai 2011. La présidentielle de 2012, à laquelle Dominique de Villepin n’exclut pas de se présenter, arrivera ensuite très vite. L’occasion de nouvelles joutes en perspective.