Gravement mis en cause par Ziad Takieddine, qui voit dans l’affaire Karachi un complot ourdi par ses soins, Dominique de Villepin s’est voulu des plus sereins vendredi sur Europe 1."Ça fait un an que la justice lui pose des questions. N’inversons pas les rôles", a déclaré l’ancien Premier ministre. "Il y a une semaine, il mettait en cause les plus hautes autorités de l’Etat. Aujourd’hui, il nous ressort la théorie du complot. Il n’y a rien de nouveau", a-t-il affirmé, assurant n’avoir "jamais rencontré" son accusateur.
"Qu'il apporte ses preuves à la justice" :
L’homme d’affaires franco-libanais, soupçonné d’avoir versé des rétrocommissions à des personnalités politiques, notamment pour financier la campagne d’Edouard Balladur en 1995, a affirmé qu’il avait des preuves de ce qu’il avançait. "Il a des preuves ? Qu’il les apporte à la justice. C’est à la justice d’apprécier des choses", a estimé Dominique de Villepin, qui a aussi rappelé qu'à l'époque des faits évoqués par Ziad Takieddine, il était "secrétaire général de l'Elysée. Je n'étais pas ministre de la Défense, pas directeur d'une entreprise publique d'armement".
"Coupons le lien entre le parquet et le pouvoir politique"
L’ancien Premier ministre a par ailleurs confirmé que Jacques Chirac, à son arrivée à l’Elysée en 1995, avait ordonné la fin du versement des commissions dans le contrat de vente de sous-marins au Pakistan. Certain avancent l’hypothèse que cette décision aurait abouti en représailles, le 8 mai 2002, à l’attentat de Karachi, dans lequel 14 personnes, dont 11 Français, avaient trouvé la mort. Dominique de Villepin n’y croit pas. "Je n’ai jamais vu de lien entre l’un et l’autre", a-t-il jugé, avant de répéter : "deux magistrats ont été nommés dans cette procédure, d’autant plus douloureuse qu’il y a eu mort d’homme. Laissons à la justice le soin de faire son travail."
Et, évoquant le "climat des affaires et de suspicion généralisé", Dominique de Villepin en a appelé à l’indépendance de la justice. "Coupons le lien entre le parquet et le pouvoir politique, et la justice pourra dire la vérité du droit dans les affaires", a lancé l’ancien secrétaire général de l’Elysée.