Réponse ce jeudi, 10h30. Voilà trois mois maintenant que Dominique de Villepin attend d'être fixé sur son sort dans l'affaire Clearstream. Accusé de "complicité de dénonciation calomnieuse", l'ancien Premier ministre, ainsi que ses quatre co-prévenus connaîtront jeudi le verdict de ce procès aussi complexe que sensible. Les accusés encourent jusqu'à cinq ans de prison et dix ans d'inéligibilité.
En octobre dernier, sortant du réquisitoire du procureur, Dominique de Villepin n'avait pas hésité à nommer Nicolas Sarkozy assurant que le président avait tenu "sa promesse" de le "pendre à un croc de boucher".
Aujourd'hui, l'ancien Premier ministre dit attendre la décision de la justice dans une "parfaite tranquillité", même si elle est susceptible de bloquer son parcours politique. S'il est jugé coupable, il peut en effet être déchu de ses droits civiques et devenir inéligible.
Villepin prépare déjà la suite
Or depuis quelques mois, Dominique de Villepin ne cache plus ses ambitions présidentielles pour l'élection de 2012. Ainsi, la semaine dernière, le "Mousquetaire", comme le surnomment certains protagonistes du dossier Clearstream, a esquissé à Bondy, en banlieue parisienne, une ébauche de programme et de politique "alternative". "L'injustice et les épreuves n'ont fait que redoubler la détermination qui est la mienne. Aujourd'hui, mon engagement public n'est pas négociable", a-t-il déclaré, avant de conclure : "Je sais ce que je veux et qui je veux servir : la France et les Français".
Outre Dominique de Villepin, quatre autres prévenus sont poursuivis, le mathématicien Imad Lahoud, l'ancien vice-président d'EADS Jean-Louis Gergorin, ainsi qu'un ancien auditeur d'Arthur Andersen, Florian Bourges, et le journaliste Denis Robert.
Un jugement attendu par Sarkozy
Pour le ministère public, Dominique de Villepin, est coupable d'avoir fermé les yeux, alors qu'il savait que les fichiers étaient des faux. Le parquet considère qu'il aurait pu tout stopper, mais qu'il a choisi de ne pas le faire, trop heureux de gêner Nicolas Sarkozy alors en pleine course vers l'Elysée. Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, a requis 18 mois de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende à son encontre, mais pas son inéligibilité.
L'implication inédite d'un président français en exercice dans cette affaire a marqué les esprits. Dénoncé par certains comme "une hyper partie civile", Nicolas Sarkozy n'a pas hésité, lors d'une intervention télévisée, à qualifier les prévenus de "coupables" avant même que le tribunal n'ait tranché.
Ironie du sort, c'est le jour de l'anniversaire du chef de l'Etat que sera rendu le jugement de cette nébuleuse affaire de dénonciation calomnieuse.