Nouveau rebondissement. Dominique de Villepin a affirmé, vendredi sur Canal+, que la décision du procureur de la République de Paris de faire appel contre lui dans l'affaire Clearstream avait été prise à l'Elysée.
"Il y a eu une réunion hier à l'Elysée"
Invité au Grand Journal, l'ancien Premier ministre a dit tenir cette information de "fonctionnaires de la présidence de la République". "Il y a eu une réunion hier en début d'après-midi à l'Elysée, il a été décidé (de faire appel). Le président de la République a considéré que la décision de justice n'était pas satisfaisante", a-t-il dit.
Prié de dire s'il avait une preuve de ce qu'il avançait, Dominique de Villepin a souligné qu'il avait été pendant sept ans secrétaire général de l'Elysée et qu'il connaissait donc l'émotion qui avait pu saisir le sommet de l'Etat."Je vous affirme, je n'ai pas l'ombre d'un doute. Il y a eu une réunion hier où cette décision a été prise", a-t-il insisté
"Arrêtez monsieur le président"
Un peu plsu tôt vendredi, réagissant presque immédiatement aux propos de Jean-Claude Marin, Dominique de Villepin avait estimé sur RMC que la décision de faire appel de sa relaxe dans le procès Clearstream n'était pas celle du procureur mais celle du chef de l'Etat, sans donner plus de précisions.
"Nicolas Sarkozy préfère persévérer dans son acharnement, dans sa haine", a dénoncé l'ancien Premier ministre. "Arrêtez monsieur le président cette haine qui ne peut vous faire que du tort", a-t-il martelé avant d'ajouter : "c'est un triste spectacle, ce n'est pas un grand jour pour la politique".
Pour Dominique de Villepin, il y a, avec cet appel, "un détournement de la fonction présidentielle, un détournement du pouvoir". "Je regrette que ce spectacle pitoyable soit donné aux Français, je regrette que la justice soit instrumentalisée", a-t-il lancé.
"Sarkozy a menti"
L'ancien Premier ministre accuse même le président d'avoir menti dans ce dossier. "Nicolas Sarkozy a menti, les éléments sont là, il a menti sur la date à laquelle il a été informé de ces opérations", a-t-il assuré. "Trop loin, c'est trop loin et c'est surtout trop loin quand on est président de la République".
"Mon agenda n'est pas dicté par Sarkozy".
Prié de dire s'il comptait affronter le président de la République sur le terrain politique, peut-être en 2012, Dominique de Villepin a ensuite répondu : "on n'affronte pas un homme qui s'enferme". "Mon agenda n'est pas dicté par Nicolas Sarkozy", a-t-il poursuivi en ajoutant cependant : "quand au sommet de l’Etat, l’exemple fait défaut, il faut d’autres hommes, d'autres femmes pour porter le fardeau du pouvoir".
La veille sur France 2, Dominique de Villepin avait déclaré à propos d'un éventuel appel : "le parquet, nous le savons tous, c'est la garde des Sceaux et c'est le président de la République, donc je n'imagine pas un instant" que le parquet fasse appel d'un jugement qui ne laissait, selon lui, "aucun doute" sur son innocence.