C’est un "travail de sape d'un des fondements de notre République". Le Premier ministre François Fillon n’a pas mâché ses mots pour qualifier la proposition d'accorder le droit de vote aux étrangers non communautaires aux municipales, jeudi devant les sénateurs.
"C'est prendre le risque de communautariser le débat public", a martelé le chef du gouvernement, qui s'exprimait exceptionnellement en ouverture du débat sur ce texte hautement symbolique.
"La gauche s'engage dans une voie dangereuse avec légèreté. Elle prend le risque de vider la nationalité et la citoyenneté française de leur substance. Et cela au moment précis où notre pays doit faire face aux épreuves de la mondialisation, doit se rassembler autour de ses valeurs et de ses objectifs", a encore accusé le Premier ministre.
"La Nation française est une et indivisible" :
Une proposition de loi "exhumée"
François Fillon a également dit "réprouver" la méthode utilisée, en référence à l'inscription à l'ordre du jour par la nouvelle majorité de gauche du texte qui avait été voté par l'Assemblée nationale en mai 2000, sous le gouvernement de Lionel Jospin. Celui-ci avait alors été bloqué par le Sénat de droite.
"Je la réprouve car elle crée un brouillage démocratique qui affaiblit la cohérence politique de nos institutions", et le Sénat n'est "certainement pas conçu pour exhumer une proposition de loi vieille de dix ans", a insisté François Fillon, qui avait récemment promis de s'opposer "de toutes ses forces" à cette initiative.
Rebsamen accuse à son tour...
En réponse, le patron des sénateurs PS, François Rebsamen s'en est pris violemment au Premier ministre, mais pas seulement. Dans son viseur aussi, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. "Avec un certain professionnalisme, vous mettez notre société sous tension. Mais, vous le faîtes avec talent, ce qui n’est pas le cas de votre ministre de l’Intérieur qui quotidiennement développe un antagonisme primaire entre l’étranger et nous", a accusé François Rebsamen.
"La recherche du bouc-émissaire se fait toujours dans les périodes de crise. Elle rencontre, vous le savez, un écho toujours alarmant parmi les plus désorientés de nos concitoyens. Alors arrêtez de grâce, Monsieur le ministre de l’Intérieur de déformer comme cela. Non, le Parti socialiste ne joue pas son avenir sur la mise en scène du vote étranger", a conclu le sénateur socialiste.