"A partir du moment où nous donnons le droit de vote aux membres de l’Union européenne, la question se pose de savoir pourquoi nous ne pouvons pas donner le vote à ceux qui ont un lien fort avec la France et ce, depuis des décennies. Ce débat existe, vous ne pouvez pas le rayer d’un trait de plume. Et personne ne peut mettre en cause l’engagement du président pris devant les Français". Qui l’eût cru ? Manuel Valls s’est posé mardi en défenseur du droit de vote des étrangers, à l’Assemblée nationale, alors qu’il exprimait ses doutes sur cette même réforme, mardi dernier, dans Le Monde.
A Dijon, un "oui" si
En l’espace de huit jours, Manuel Valls semble donc finalement être rentré dans le rang "gouvernemental". Dans Le Monde, il avait esquissé un premier pas, à contre-temps, en jugeant que le sujet n’était ni "une revendication forte dans la société française", ni "un élément puissant d'intégration". Trois jours plus tard, le 20 septembre le ministre de l’Intérieur avait cette fois fait un pas de côté en tempérant sa position devant les parlementaires socialistes réunis à Dijon. "J'ai suffisamment défendu le droit de vote des résidents étrangers à la tribune de l'Assemblée pour dire qu'il faut y arriver", mais "il ne faut pas se précipiter si on veut réussir et tenir cet engagement", avait-il alors assuré. Changement de discours donc, tout en maintenant une certaine réserve.
Valls veut désormais "convaincre"
Devant les députés, mardi, Manuel Valls est allé un pas plus loin, se disant déterminé à "convaincre" les parlementaires. Le ministre s’est en effet engagé à rechercher une majorité des trois cinquièmes au Congrès, pour que la loi sur le droit de vote des étrangers passe par la voie parlementaire plutôt que par la voie référendaire. "Il faut rechercher une majorité qualifiée au Parlement puisque la gauche à elle toute seule n'a pas la majorité des 3/5e. Donc, nous allons convaincre", a martelé le locataire de la Place Beauvau.
Le ministre de l’Intérieur a ainsi vivement répondu à une question posée par Jean-François Copé. "Il faut un débat apaisé" sur cet "engagement du président de la République", a assuré Manuel Valls, devant les députés. "La seule chose que je vous demande, M. Copé, c'est en responsabilité de ne pas utiliser ce sujet pour que les Français soient jetés contre les immigrés. La République n'a rien à y gagner", a-t-il conclu.