Le 17 juillet dernier, José Bové avait pris une position quelque peu étrange pour un élu écologiste, en préconisant d’abattre les loups, arrivés depuis peu dans son fief de Lozère. Le député européen Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a connu un retour de bâton jeudi. L'association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) a en effet déposé une plainte au tribunal de Mende, en Lozère, pour "incitation à la destruction d'une espèce protégée" contre le fondateur de la Confédération paysanne.
"Pour moi, les choses sont claires : si le loup risque d'attaquer un troupeau, la meilleure façon de faire, c'est de prendre le fusil et de tirer", avait affirmé José Bové lors d'un entretien sur les ondes de Radio Totem. "On peut pas dormir la nuit avec la menace du loup. Ce qui se passe dans les Alpes est absolument intenable pour les éleveurs et si cette menace risque d'arriver ici dans les Cévennes, ça va être intenable encore. Donc je ne crois pas qu'au nom de la biodiversité, on doit tout accepter. Est-ce qu'on veut qu'il y ait encore des paysans, des bergers ?", s’était-il interrogé en guise de conclusion.
"Au niveau de l'anti-écologie primaire"
"Curieuse déclaration pour un élu chargé de voter les lois, et qui, pour complaire à quelques-uns de ses ex-amis, appelle à les enfreindre", a déploré l'Aspas dans un communiqué, accusant José Bové de se "rabaisser au niveau de l'anti-écologie primaire". Rappelant que le loup "est une espèce strictement protégée en France" et sa destruction et l'incitation à la destruction illégales, l'Aspas souligne que les solutions de protection des troupeaux existantes sont efficaces et "les seules qui permettent d'envisager la cohabitation entre le loup et le pastoralisme".
L’association ne s’arrête pas là. "Car le tir du loup a le plus souvent des effets inverses au résultat souhaité : en faisant éclater une meute stable régie par un couple dominant, le risque d'attaque sur les troupeaux augmente", argumente l'Aspas, constatant que la protection des troupeaux "est beaucoup moins médiatique". L'infraction pénale reprochée à Jose Bové est passible de 15.000 euros d'amende et d'un an d'emprisonnement.
Depuis quelques semaines, alors que des troupeaux ont été attaqués, la présence des loups fait l'objet d'un débat en Lozère, où un comité de veille aux grands prédateurs a été mis en place.